Des scènes de violences inouïes secouent actuellement la paisible commune de Léro, située dans la zone d’exploitation de la Société Minière de Dinguiraye (SMD). Les derniers développements ont atteint un paroxysme alors que des jeunes, qualifiés de « drogués » par certains, ont pris en otage des envoyés du ministère des mines et de la géologie, de la préfecture de Siguiri ainsi que de la région de Kankan.
Le tableau est désolant. Un responsable de la SMD, sous couvert d’anonymat par mesure de sécurité, a confié à notre rédaction que les dégâts sont considérables, avec notamment l’incendie d’un convoyeur de minerai long de 4 kilomètres. Dans cette atmosphère délétère, il appelle avec insistance à une intervention étatique urgente, plaidant pour l’instauration d’un couvre-feu. « L’Etat doit prendre ses responsabilités face à la séquestration des missionnaires officiels. La situation est explosive, jamais nous n’avons connu une telle violence à Léro. Les jeunes sont devenus incontrôlables, déterminés à affronter les forces de l’ordre », a-t-il déclaré.
Les incidents remontent au dimanche 14 avril 2024, lorsque les habitants de Lèro, un quartier relevant de la sous-préfecture de Baraka Siguini, ont investi les rues de la SMD pour exprimer leurs revendications. Au cœur de leurs doléances : l’accès à l’eau potable et à l’électricité, des besoins fondamentaux négligés depuis des années. Mègnè Camara, une des figures de proue de ces manifestations, a lancé un appel sans équivoque : « Nous avons organisé cette manifestation contre la SMD car ils ont trompé nos autorités en promettant l’acquisition d’un groupe électrogène pour notre village. Nous n’en voulons pas. Nous exigeons que la SMD assume ses responsabilités en fournissant l’électricité. Nous sommes témoins d’une pénurie d’eau sans précédent dans notre village, un problème directement lié aux activités de cette société minière. »
Les tensions restent à leur comble, avec des affrontements récurrents entre les jeunes manifestants et les forces de l’ordre. La situation est volatile, et seule une intervention rapide des autorités semble pouvoir rétablir le calme dans cette région en ébullition.
Mamadi Traoré