Labé, Guinée – Les étudiants de la ville ont parlé, et leur message est clair : « Assez d’intimidation, assez d’abus de pouvoir. » Le jeudi 2 mai 2024, des centaines d’étudiants issus des écoles techniques et professionnelles de Labé ont défilé dans les rues pour exiger le départ de Balla Moussa Keita, l’inspecteur régional. Le cortège pacifique, animé de slogans percutants tels que « Démissionnez pour le bien de Labé » et « Balla Moussa Keita Zéro », a parcouru le centre-ville, du rond-point Tinkisso jusqu’au gouvernorat.
Cette mobilisation massive, remarquable pour son calme et son ordre, témoigne du ras-le-bol des étudiants face à ce qu’ils perçoivent comme une autorité oppressive. Les témoignages, comme celui d’Ibrahima Diallo, sont édifiants : « Depuis que cet inspecteur est arrivé, tout va de travers. Lors des examens au centre DEL l’année dernière, son comportement a causé des crises de panique parmi les candidats. » L’accusation est grave, et le tollé est suffisamment puissant pour forcer les autorités à écouter.
Le gouverneur de la région, le Colonel Robert Soumah, a répondu à cette marche avec un mélange de gratitude et de promesses. Dans un geste conciliant, il a assuré aux manifestants qu’il prendrait leurs revendications au sérieux. « Je vais convoquer M. Keita cet après-midi, avec les enseignants, pour obtenir des éclaircissements », a-t-il déclaré. Les étudiants, bien que dubitatifs, ont accepté de retourner en classe. Mais leurs revendications restent fermes : le départ de M. Keita sans délai ni compromis.
Le gouverneur a désormais une tâche ardue. Comment résoudre cette crise sans laisser planer l’ombre de l’impunité? Les étudiants ont montré qu’ils ne reculeront pas devant l’adversité. Le climat de peur et d’intimidation évoqué par les manifestants doit cesser, et rapidement, sous peine de voir la grogne s’étendre.
Cet épisode n’est pas seulement un appel à l’action pour le gouverneur Soumah et la ministre de l’Enseignement Technique. C’est aussi un rappel que la jeunesse guinéenne a une voix et qu’elle sait comment s’en servir. Les autorités feraient bien de l’entendre et de prendre des mesures tangibles. Car si l’inspecteur régional n’est pas tenu responsable, qui le sera ?
La marche pacifique des étudiants de Labé est un avertissement. Les générations montantes ne toléreront pas les abus de pouvoir. Elles ont des aspirations légitimes pour un environnement éducatif sûr et équitable. Désormais, la balle est dans le camp des autorités. Leur réponse déterminera si cette marche pacifique restera un événement isolé ou le début d’un mouvement plus large.
Hassimou Tounkara