Le dernier rapport de Reporters Sans Frontières (RSF) sur la liberté de la presse, publié pour l’année 2024, place la Guinée au 78ème rang sur 180 pays, marquant une légère amélioration par rapport à 2023. Toutefois, le rapport met en lumière des inquiétudes croissantes quant à la liberté de la presse sous le régime de transition du général Mamadi Doumbouya. Malgré un paysage médiatique riche, avec une diversité de médias écrits, radiophoniques, télévisuels et en ligne, RSF observe des signes alarmants d’entraves à la liberté de la presse, notamment des attaques contre les journalistes, des brouillages de stations de radio privées, et des actes de censure envers plusieurs médias influents, souvent justifiés par des motifs de « sécurité nationale ».
Le rapport précise que, bien que la loi de 2010 sur la liberté de la presse interdise des peines de prison pour des délits de presse, des journalistes continuent de faire l’objet de convocations ou d’arrestations. Entre octobre 2023 et janvier 2024, une dizaine de journalistes ont été interpellés. De plus, la Haute Autorité de la Communication (HAC) a suspendu cinq journalistes en septembre 2022, sans suivre les procédures légales appropriées.
Le contexte économique défavorise les médias privés par rapport aux médias publics, limitant ainsi l’accès des journalistes indépendants aux événements officiels et réduisant leurs sources de revenus. De plus, les sujets sensibles comme l’homosexualité, la polygamie, ou les violences conjugales sont abordés avec prudence, de peur d’enfreindre la morale publique.
Les journalistes en Guinée font face à des menaces de mort, des violences lors de manifestations politiques, et du harcèlement en ligne, souvent perpétré par les forces de l’ordre ou des partisans politiques. Pourtant, RSF souligne qu’aucun journaliste n’a été tué en 2024, et qu’aucun n’est actuellement détenu dans le pays.
Le rapport critique également le manque de transparence dans l’accès à l’information publique, malgré l’adoption d’une loi à cet effet en 2020, qui reste largement inapplicable. Cependant, RSF reconnaît certains progrès législatifs et souligne la richesse du paysage médiatique en Guinée, malgré les nombreux défis auxquels sont confrontés les professionnels de la presse.
Alpha Amadou Diallo