Dans le vaste panorama de la diversité linguistique, une histoire se démarque comme un phare de créativité et de résilience. C’est l’histoire de deux frères adolescents, dont la vision et le dévouement ont donné naissance à une révolution dans l’univers de l’alphabet. Leurs noms – Abdoulaye et Ibrahima Barry – résonnent désormais comme des piliers de la sauvegarde culturelle et de l’innovation linguistique.
L’histoire commence dans les terres de la Guinée, dans les années 1989. Abdoulaye Barry, alors âgé de dix ans, et son frère Ibrahima, de quatorze ans son aîné, étaient confrontés à un défi monumental : comment préserver leur langue maternelle, le Pulaar, de l’oubli et de l’extinction imminente ? Cette question, cruciale et urgente, a été le moteur de leur engagement sans faille.
ADLaM, une abréviation chargée de sens – « Alkule Dandaye Leñol Mulugol », littéralement « l’alphabet qui empêchera la culture, le peuple, de disparaître » – est née de leur détermination. Avec 28 lettres et 10 chiffres, cette création audacieuse a posé les fondations d’une renaissance linguistique. Mais ce n’était que le commencement.
Leur voyage, fait de persévérance et de créativité, a attiré l’attention des géants de la technologie et de la communication. Microsoft et McCann Worldgroup ont reconnu le potentiel de cette initiative et se sont associés aux frères Barry. Le fruit de cette collaboration est ADLaM Display, une police typographique qui transcende les frontières et porte fièrement l’héritage du Pulaar vers de nouveaux horizons.
Leur succès retentissant a été salué par les prestigieux World Changing Ideas Awards de Fast Company, honorant ainsi l’engagement de Microsoft et de McCann Worldgroup dans la préservation et la promotion des langues en danger. Dans un monde où plus de 40 % des quelque 7 000 langues parlées ne disposent pas d’un alphabet écrit, l’histoire des frères Barry inspire comme un rappel vibrant de la capacité humaine à défier les obstacles et à forger un avenir inclusif.
Mais pour Abdoulaye et Ibrahima, le véritable triomphe réside dans l’impact concret de leur création sur leur communauté. Ils sont fiers de voir les femmes peules apprendre l’ADLaM pour gérer leurs affaires, et espèrent que leur exemple incitera d’autres communautés à suivre le même chemin vers l’autonomisation linguistique. Comme le souligne Abdoulaye, dans sa page Facebook « sauver une langue, c’est lui donner la capacité de s’écrire. »
À travers leur parcours, les frères Barry ont prouvé que la jeunesse peut être le moteur du changement, que la créativité peut transcender les frontières et que l’innovation peut sauver des patrimoines culturels précieux. Leur histoire résonne comme un hymne à la diversité linguistique et à la force de l’esprit humain face à l’adversité.
Alpha Amadou Diallo