Depuis le 27 avril 2022, l’ancien Président de l’Assemblée nationale guinéenne, l’honorable Amadou Damaro Camara, est derrière les barreaux à la Maison centrale de Conakry. Les accusations qui pèsent contre lui sont graves : détournement de fonds publics, enrichissement illicite, blanchiment d’argent, corruption publique et privée, conflit d’intérêts et complicité. Ces allégations gravitent autour d’une somme colossale de 15 milliards de francs guinéens, supposément destinée à la construction d’un nouveau siège pour l’Assemblée nationale dans le centre directionnel de Koloma, à Conakry.
Cependant, dès l’ouverture du procès, l’accusé, Amadou Damaro Camara, a plaidé non coupable. Malgré sa détention à la Maison centrale, deux fonctionnaires parlementaires ont été convoqués pour témoigner dans cette affaire. Il s’agit de Monsieur Sâa Léno et de Madame Aïssatou Diallo, respectivement Directeur Financier et cheffe de la division trésorerie de l’Assemblée nationale.
Interrogée, Madame Aïssatou Diallo a affirmé ne rien savoir de cette affaire, bien qu’elle ait reconnu avoir encaissé des chèques bancaires à son nom en 2021, en tant que trésorière. Elle déclare : « On ne me dit pas à quoi sert tel montant. J’encaisse l’argent ou j’appelle le bénéficiaire pour qu’il vienne le récupérer. J’ai vu arriver les 15 milliards, mais je ne sais pas grand-chose à leur sujet. » Elle ajoute qu’elle a entendu parler de cette affaire pour la première fois à la télévision.
Elle a également révélé que même sous la présidence de feu Claude Kory Kondiano, de l’argent avait été versé dans des conditions similaires pour l’ancien site, sans que cela ne pose de problème.
Quant à l’accusation de prise illégale d’intérêts, Madame Diallo a expliqué avoir remis le chèque à feu Lounceny Camara, président de la commission, avec l’aval d’Amadou Damaro Camara.
La cour a ordonné à Madame Diallo de fournir lors de la prochaine audience toutes les pièces prouvant qu’elle devait émettre ces chèques pour la SEG, EDG, la société Castor ou encore pour payer les primes des députés.
S’exprimant à son tour, Saa Léno a affirmé que c’est Michel Kamano, l’ancien premier questeur de l’Assemblée nationale, qui l’avait informé de cette affaire. « Il m’a demandé si nous pouvions puiser les 15 milliards dans le budget de fonctionnement, en attendant que l’argent soit disponible. Je lui ai répondu que c’était possible. Les 15 milliards constituaient la contrepartie guinéenne. Cet argent aurait dû être versé par le ministère du Plan », a expliqué Leno.
Saa Leno n’a cependant pas confirmé la version de Damaro selon laquelle tout ce qui a été dépensé serait compensé par les 15 milliards. « À ma connaissance, la restitution de cet argent n’avait pas encore commencé », a-t-il déclaré.
L’affaire a été renvoyée au 15 mai pour la poursuite du témoignage du directeur financier.
Saliou Keita avec Guineenew.org