Dans l’enceinte solennelle du tribunal, l’écho des plaidoiries résonne comme un rappel des sombres événements qui ont ensanglanté la journée du 28 septembre. C’est une phase cruciale du procès, où les avocats de la partie civile se succèdent, déterrant les vérités enfouies sous les décombres de la tragédie.
Maître Kabinet Kourala Keita, digne représentant de la justice, a pris la parole ce lundi 20 mai pour donner une leçon de droit et de vérité. Il n’y va pas par quatre chemins : l’ancien ministre des services spéciaux, le colonel Blaise Goumou, ne saurait échapper à la justice sans répondre de ses actes.
Dans une plaidoirie poignante, l’avocat souligne l’urgence de déterminer les responsabilités individuelles dans le déroulement des événements fatidiques de 2009. Il attendait avec impatience la comparution du colonel Blaise Goumou, figure éminente dans la machine implacable qui a conduit des innocents au supplice ce jour-là.
Concernant le colonel Moussa Tiegboro Camara, les mots de Maître Keita sont cinglants. Oui, il admet sa présence sur les lieux maudits ce matin-là, mais non, il ne peut justifier sa présence par sa fonction ministérielle ou ses attributions dans les services spéciaux. Son rôle ne se résumait pas à maintenir l’ordre public, et sa présence au stade ce jour-là reste une énigme dérangeante.
Avec une éloquence tranchante, l’avocat démonte le mécanisme de responsabilité, pointant du doigt la conscience aiguë du colonel Tiegboro Camara. Ce n’était pas un simple spectateur de la tragédie, mais un acteur conscient, un complice tacite des horreurs qui se déroulaient sous ses yeux.
« Un ministre ne peut agir sans la bénédiction de son président », martèle-t-il avec fermeté. Seul Dadis Camara détenait les clés du pouvoir et de la décision. Le colonel Tiegboro Camara aurait-il agi de sa propre initiative, ou était-il simplement un pion dans le jeu macabre orchestré par le régime ?
L’avocat exige des réponses claires et précises. Le colonel Tiegboro Camara, en tant que planificateur et concepteur du projet funeste, ne peut esquiver sa responsabilité. Sa présence au stade ce jour-là n’était pas anodine, mais le maillon d’une chaîne de commandement qui menait droit à l’abîme.
Dans ce tribunal, où résonnent les voix des victimes et des justiciers, chaque mot prononcé par Maître Keita résonne comme un cri de vérité. Le procès du 28 septembre avance, inexorablement, vers la lumière de la justice, éclairant les ténèbres d’une tragédie nationale.
Alpha Amadou Diallo