Le 22 mai 2024 – Lors de l’audience de ce mercredi devant le tribunal criminel de Dixinn, délocalisé à la cour d’appel de Conakry, le substitut du procureur, Sidiki Camara, a présenté des preuves accablantes confirmant la répression sanglante des manifestants au stade de Conakry le 28 septembre 2009.
Sidiki Camara a débuté par une énumération de chiffres, suivie de la présentation de certificats et de rapports médicaux légaux. Ces documents révèlent les « atrocités » inqualifiables subies par les victimes. Dans un témoignage poignant, il a illustré la brutalité des événements à travers l’histoire d’une femme identifiée par les initiales O.K.
« Je souhaiterais que vous pensiez à une femme dont le cas n’a pas été évoqué ici, mais vous permettrez que je parle un peu d’elle. C’est une femme que je veux nommer O.K. Elle a été victime. Cette femme, monsieur le président, quand on a parlé de manifestation, elle était venue ici, son enfant n’avait que trois semaines. Elle a confié son enfant à sa voisine. L’enthousiasme, l’euphorie qui l’ont amenée au stade. Une fois là-bas, cette femme a été enlevée. Elle a été conduite, monsieur le président, dans un endroit jusqu’ici qu’elle ne peut pas reconnaître. Cette femme, monsieur le président, a été violée pendant une semaine, les yeux bandés, enchaînée. Ces bourreaux auteurs, ils partaient et se soûlaient la gueule et ils revenaient violer cette femme là. Ces hommes, monsieur le président, l’ont retenue pendant une semaine. Ils sont allés la jeter à Bambéto. Une bonne âme a pris la femme là pour l’envoyer à Cosa. Elle est atteinte du VIH SIDA. Son mari l’a renvoyée, ses parents l’ont envoyée. Cette femme est dans la rue, monsieur le président », a-t-il raconté, les larmes aux yeux.
Cette déclaration émotive du substitut du procureur met en lumière les souffrances incommensurables endurées par les victimes et les conséquences durables de ces atrocités sur leur vie. Les certificats médicaux et les rapports légaux présentés en audience corroborent ces témoignages, établissant un lien indéniable entre les actions des forces de sécurité et les sévices infligés aux manifestants.
Le récit poignant de Sidiki Camara vise à souligner la gravité des crimes commis ce jour-là et à convaincre le tribunal de la nécessité de requalifier les faits en crimes contre l’humanité. Les preuves présentées sont cruciales pour établir la responsabilité des accusés, dont le capitaine Moussa Dadis Camara, dans la répression brutale des manifestations du 28 septembre 2009.
Algassimou L Diallo