Conakry, 22 mai 2024 – Un chapitre décisif de l’histoire de la Guinée s’écrit cette semaine dans les salles d’audience de la Cour d’appel de Conakry. Le procès des atrocités du 28 septembre 2009 a pris un tournant majeur mercredi, avec le procureur Algassimou Diallo demandant des peines exemplaires pour les principaux accusés. Le tribunal de première instance de Dixinn, temporairement relocalisé, est le théâtre de ce moment historique, où la quête de justice pour les victimes des événements tragiques se poursuit avec intensité.
À la barre, le capitaine Moussa Dadis Camara et le colonel Tiegboro Camara, accompagnés de six autres accusés, sont sous le coup de réquisitions sans précédent : la réclusion criminelle à perpétuité, assortie d’une période de sûreté de 30 ans. Le procureur Diallo n’a pas mâché ses mots, qualifiant leurs actes de crimes contre l’humanité et appelant à une sanction à la hauteur des souffrances infligées.
Les réquisitions du parquet ne s’arrêtent pas là. Ibrahima Camara, alias Kalonzo, Aboubacar Sidiki Diakité, connu sous le nom de Toumba, et Paul Mansa Guilavogui font face à des peines de 15 ans de réclusion criminelle. Pour Mamadou Aliou Keita et Cécé Raphaël Haba, accusés de viol et de torture, le procureur a demandé 14 ans de prison. Une demande de mandats d’arrêt a également été formulée contre le colonel Claude Pivi et Alpha Amadou Baldé, actuellement introuvables, soulignant la détermination du parquet à ne laisser aucun coupable échapper à la justice.
L’audience de mercredi a été marquée par les révélations poignantes du substitut du procureur, Sidiki Camara, qui a présenté des preuves accablantes des atrocités commises au stade de Conakry ce jour-là. Certificats médicaux et rapports légaux à l’appui, il a décrit les souffrances inhumaines endurées par les victimes, mettant en lumière l’histoire déchirante d’une femme identifiée par les initiales O.K.
« Cette femme, dont l’enfant n’avait que trois semaines, a été enlevée, violée pendant une semaine, et abandonnée atteinte du VIH », a-t-il raconté avec une émotion palpable. Ce témoignage bouleversant a souligné l’ampleur des horreurs subies et les conséquences dévastatrices sur les vies brisées.
L’intervention du substitut Camara vise à convaincre la cour de la nécessité de reconnaître ces actes comme des crimes contre l’humanité. Les preuves présentées établissent un lien indéniable entre les agissements des forces de sécurité et les sévices infligés aux manifestants, plaçant une pression immense sur le tribunal pour rendre justice de manière exemplaire.
Alors que le procès avance, les regards de toute la nation sont rivés sur le verdict attendu. Les réquisitions du parquet, sévères mais justifiées par la gravité des faits, marquent une étape cruciale dans la recherche de justice et de réconciliation pour les victimes du 28 septembre 2009. Ce procès, au-delà de son aspect judiciaire, représente un moment de vérité et de réparation pour la Guinée, offrant l’espoir que les atrocités du passé ne resteront pas impunies.
Alpha Amadou Diallo