Un sombre nuage plane sur la liberté de la presse en Guinée. La récente décision de retirer les agréments des groupes HADAFO-MEDIA, DJOMA MEDIA et Fréquence Média marque un tournant inquiétant dans le paysage médiatique du pays. Officiellement prononcée par l’arrêté N° 686 du 21 mai 2024, cette mesure a provoqué une onde de choc, suscitant une forte réaction de la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et de ses partenaires.
Le ministre de l’Information et de la Communication justifie cette décision par le non-respect des cahiers de charges par les médias concernés, se référant aux réglementations guinéennes. Mais pour Drissa Traoré, Secrétaire Général de la FIDH, il s’agit clairement d’une « mesure liberticide ». Il pointe du doigt une violation flagrante du droit à l’information et de la liberté d’expression. « C’est une première en Guinée depuis la libéralisation du secteur des médias en 2005. Nous sommes très préoccupés, » affirme-t-il.
La situation des groupes médiatiques en question est alarmante. Employant plus d’une centaine de personnes, ces groupes subissent depuis novembre 2023 des pressions sans précédent. Des stations ont vu leurs fréquences brouillées sans explication, particulièrement après avoir couvert le procès du 28 septembre, permettant à des milliers de citoyens de suivre les événements quotidiennement.
La FIDH et ses partenaires rappellent que la Guinée a ratifié les principaux instruments garantissant la liberté de la presse et d’expression. La Charte de la transition, dans ses articles 8, 21, 23 et 24, appelle également au respect strict de ces droits. Souleymane Bah, Président de l’OGDH, exhorte les autorités à respecter les engagements nationaux et internationaux en matière de droits humains.
Cette sanction intervient à un moment critique, à sept mois de l’échéance fixée par le CNRD et la CEDEAO pour un retour à l’ordre constitutionnel. Frédérique Loua, Président de MDT, souligne que « cet acte remet en cause les acquis démocratiques et entrave gravement le droit des citoyens à une presse libre et indépendante. »
La FIDH, l’OGDH, MDT et l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre 2009 (AVIPA) appellent à la cessation immédiate de cette répression. Ils demandent le rétablissement des agréments des médias sanctionnés, soulignant l’importance cruciale de la liberté de la presse pour la démocratie et l’État de droit en Guinée.
La presse libre est le pilier de toute démocratie. En bafouant ce droit, la Guinée prend un chemin dangereux, menaçant non seulement les droits de ses citoyens, mais aussi l’avenir démocratique du pays.
Aziz Camara