Lors d’une conférence animée à la Maison de la Presse ce mardi, Yaya Baldé, enseignant-chercheur, a vivement critiqué la décision de l’État guinéen d’adopter le masque Nimba comme symbole national. Pour lui, cette action constitue une violation flagrante du principe de laïcité établi dans la Charte de la Transition.
Sous le titre évocateur de « Le branding Nimba : quand l’État viole le principe de laïcité », l’intervention de Baldé a suscité un vif débat, attirant une foule nombreuse. D’emblée, Baldé a rappelé l’importance cruciale de la laïcité en Guinée, inscrite comme un principe fondamental dans la Charte de la Transition.
« Face aux difficultés, la tentation de chercher refuge auprès de Dieu est compréhensible, mais cela ne saurait justifier le non-respect des lois de notre pays. La Guinée est un État laïque, une valeur consacrée dans notre charte fondamentale », a-t-il martelé avec conviction.
Baldé a ensuite mis en lumière les articles 3 et 7 de ladite charte, réaffirmant la laïcité et l’unicité de la République. Pour lui, l’État commet une erreur majeure en s’associant à une pratique cultuelle spécifique et en choisissant le masque Nimba comme emblème national.
« Il est alarmant de voir l’État promouvoir un culte relevant d’une religion spécifique et d’adopter ce masque comme emblème. Cette démarche compromet les principes fondamentaux de notre République. Si chaque confession religieuse réclamait ses propres symboles sur les documents officiels de l’État, cela plongerait notre nation dans le chaos. »
Selon Baldé, cette adoption du Nimba pourrait ouvrir une « boîte de Pandore », entraînant des conséquences désastreuses telles que des conflits et des catastrophes naturelles. « L’histoire démontre que ceux qui ont adopté des idoles ont souvent connu des fléaux tels que des incendies, des guerres, des inondations et la sécheresse. Le Nimba n’a pas fait de la Guinée le château d’eau de l’Afrique. Il est temps pour le gouvernement de renoncer à cette démarche et de respecter nos propres lois. »
Il a conclu en appelant à un retour au respect strict des lois guinéennes pour assurer le développement, la paix et le progrès du pays. « La Guinée n’a pas besoin de s’appuyer sur le Nimba pour briller. Elle rayonne déjà par sa propre essence. Ce dont nous avons besoin, c’est de développement, de paix et de progrès. En violant nos propres lois, nous nous mettons des bâtons dans les roues pour atteindre ces objectifs. »
La conférence de Yaya Baldé a déclenché un débat qui pourrait marquer un tournant dans la politique symbolique du pays. Les réactions de la société civile et des autorités sont attendues dans les jours à venir, annonçant des échanges animés et potentiellement déterminants pour l’avenir de la laïcité en Guinée.
Aziz Camara