Pour nombre de nos compatriotes guinéens, le pouvoir s’apparente à un gibier d’une ampleur inouïe : l’éléphant, souverain incontesté de la brousse. Lorsqu’il est abattu, une véritable ruée s’organise. Les habitants des villages voisins affluent, armés de couteaux affûtés, chacun cherchant à emporter la plus grosse part de viande possible.
Cette métaphore, poignante et révélatrice, dépeint une réalité bien éloignée de l’idéal démocratique où gouverner devrait rimer avec servir. Dans cette course effrénée au partage des dépouilles, l’essence même du pouvoir – servir le peuple, protéger ses intérêts et promouvoir le bien commun – semble se dissoudre.
Cette image dérangeante nous pousse à une réflexion profonde : quand redéfinirons-nous le leadership pour qu’il s’apparente non pas à un festin de prédateurs, mais à une noble mission de gardiennage et de progrès pour tous ? La question est cruciale. Tant que le pouvoir sera perçu comme un butin à se partager plutôt qu’une responsabilité sacrée, nos sociétés ne pourront aspirer à la paix et à la prospérité véritables.
Redéfinir le leadership signifie réinventer la manière dont nous concevons et exerçons le pouvoir. Cela implique de valoriser les qualités de service, de dévouement et de vision à long terme plutôt que les gains immédiats et personnels. Il est impératif de promouvoir une culture politique où l’éthique et la responsabilité prennent le pas sur la rapacité et l’opportunisme.
Notre avenir en dépend. En cultivant un leadership dédié au bien commun, nous pouvons transformer la course aux dépouilles en une quête collective pour un avenir meilleur. Ce n’est qu’en transcendant cette vision de prédateurs que nous pourrons bâtir une société juste, équitable et prospère pour tous.
Alpha Amadou Diallo
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