Dans une déclaration récente, la Maison des Associations et ONG de Guinée (MAOG) a tiré la sonnette d’alarme sur les violations des droits fondamentaux et des procédures judiciaires en cours dans le pays.
Depuis le renversement du régime d’Alpha Condé par le Colonel Mamady Doumbouya le 5 septembre 2021, plusieurs promesses avaient été faites pour restaurer les libertés fondamentales et assurer une justice impartiale. Cependant, la mise en place de la Cour de répression des infractions économiques et financières (CRIEF) semble désormais être un instrument de répression politique.
Des détentions arbitraires en flagrant délit
La MAOG, au travers d’une commission spéciale, dénonce des irrégularités flagrantes dans les procédures judiciaires initiées par la CRIEF. Parmi ces violations, la plateforme cite l’arrestation de plusieurs anciens dignitaires du régime d’Alpha Condé sous prétexte de flagrant délit, alors que ces détentions auraient dû suivre une procédure rigoureuse et respectueuse des droits des accusés. Des figures politiques de premier plan, telles que Dr Ibrahima Kassory Fofana, Dr Mohamed Diané, et Oyé Guilavogui, sont notamment concernées.
Violations des droits et des délais de détention provisoire
Les accusations de la MAOG s’étendent aux conditions de détention et aux délais de détention provisoire non respectés. La plateforme pointe un non-renouvellement des mandats de dépôt, conduisant à des détentions prolongées et illégales, comme le cas de Sylla Bill Gate, en détention depuis novembre 2022 sans renouvellement de son mandat.
Décisions de justice non exécutées
L’État guinéen est également accusé de ne pas exécuter les décisions de justice, notamment celles de la Cour de justice de la CEDEAO. En octobre 2023, cette dernière avait ordonné la libération immédiate de certains détenus et condamné l’État au paiement de dommages, décisions restées lettre morte.
Appel à des réformes et à l’intervention internationale
Face à cette situation alarmante, la MAOG recommande plusieurs mesures pour rétablir la confiance dans le système judiciaire guinéen. Ces recommandations incluent la libération des détenus politiques, des réformes profondes de la CRIEF pour assurer son indépendance et impartialité, ainsi que le respect strict des décisions judiciaires.
La MAOG appelle également à l’intervention de la communauté internationale et des institutions onusiennes pour garantir la protection des droits humains en Guinée durant cette période de transition.
Conclusion
Les attentes placées en la CRIEF comme bastion de la lutte contre la corruption et les malversations ont été déçues, laissant place à une justice perçue comme instrumentalisée. La société civile guinéenne, représentée par la MAOG, exhorte les autorités et la communauté internationale à agir pour remédier à ces injustices et respecter les principes de l’état de droit.
Alpha Amadou Diallo