Les récentes déclarations des commissaires de la Haute autorité de la communication (HAC) lors de leur séjour à Kankan ont renforcé les suspicions des acteurs sociopolitiques quant aux intentions du Comité national de rassemblement et de développement (CNRD) de conserver le pouvoir à tout prix. Parmi les réactions les plus marquantes, celle de Me Mohamed Traoré, ancien bâtonnier de l’ordre des avocats de Guinée, ne s’est pas fait attendre.
Les commissaires Ibrahima Tawel Camara, Fanta Grovogui et Djéne Diaby, présents en Haute-Guinée depuis quelques jours, ont profité de leur séjour pour rencontrer la presse locale ce mercredi 12 juin. Au cours de cette rencontre, Djénè Diaby a affirmé que certains patrons de presse auraient reçu des centaines de milliers d’euros de la part du président de la transition, le général Mamadi Doumbouya.
Ces déclarations ont rapidement provoqué des réactions au sein de l’opinion publique. Me Mohamed Traoré a immédiatement demandé des éclaircissements : « Il est très important que les patrons des entreprises de presse nous disent quelque chose sur cette histoire d’argent perçu des mains du Président de la Transition. Y a-t-il eu remise d’argent ? Si oui, dans quel but ? Qu’est-ce qui en a été fait ? Qu’est-ce qui n’a pas marché ? »
Traoré a exprimé des doutes sur la légèreté avec laquelle ces commissaires se sont exprimés : « Ces deux commissaires de la HAC parlent avec tellement d’assurance, mais avec tellement de légèreté que des questions légitimes se posent. Ils ne mesurent apparemment pas la portée et la gravité de leurs déclarations. Pensent-ils rendre véritablement service aux autorités de la Transition ? » Il a ajouté que les dirigeants actuels du pays se « passeraient d’une telle communication ».
Dans ses propos, Djénè Diaby a également averti que la junte militaire est plus déterminée que jamais à rester au pouvoir. Pour Me Mohamed Traoré, membre du Conseil national de la transition, « dire que les militaires sont prêts à tout pour conserver le pouvoir est une déclaration qui ne peut en aucun cas rendre service au CNRD. C’est pourquoi, on dit parfois qu’il vaut mieux un ennemi intelligent qu’un ami idiot. »
Ces révélations et les réactions qui en découlent soulèvent des interrogations cruciales sur la transparence et les véritables intentions du régime actuel en Guinée.
Saliou Keita