Pluies diluviennes à Kagbelen : une tragédie emporte une femme enceinte et deux enfants
Dans la quiétude d’une nuit à Conakry, des pluies torrentielles se sont abattues sur la commune de Kagbelen, transformant la quiétude en désespoir. À Tobolon, ce qui semblait être une simple nuit de pluie s’est rapidement métamorphosé en cauchemar.
Fatoumata Binta Diallo, témoin oculaire, se rappelle avec douleur la scène terrible. « Chez nous, quand il pleut, l’eau inonde nos deux chambres, » explique-t-elle. Cette fois-ci, la pluie a commencé vers 20h, et rapidement, les eaux ont submergé le quartier. Comme à l’accoutumée, Fatoumata et ses enfants sont sortis pour surveiller les passants, craignant que quelqu’un ne soit pris au piège par l’eau.
Le drame s’est déroulé en un éclair. Une voiture avançait lentement dans l’eau montante. À bord, une femme enceinte, une fillette et un bébé de six mois. « Nous avons demandé au chauffeur de faire demi-tour, » raconte Fatoumata. « Nous pensions qu’il avait rebroussé chemin, mais il cherchait plutôt à avancer. À un moment donné, la femme enceinte a tenté d’ouvrir la portière, sans succès. Mes enfants et moi avons crié à l’aide, mais il n’y avait pas de courant pour alerter davantage de monde. Les jeunes du quartier ont tout fait pour les sauver, mais seuls le chauffeur a pu être secouru. »
Ce n’était pas la première fois que ce quartier faisait face à une telle situation. « Pour les caniveaux qu’ils ont creusés près de chez nous, nous avions interpellé les autorités bien avant ce drame. La cheffe de secteur était venue après qu’une autre voiture ait été emportée par les eaux. Elle avait prononcé de belles paroles, mais rien n’a changé depuis, » déplore Fatoumata.
Fatoumata Binta Bah, la mère des enfants disparus, était partie faire son petit commerce ce jour-là. « Ma fille m’a suivie. Quand la pluie a commencé, j’ai demandé à Oustage de partir avec elle. Il m’a dit qu’il prendrait le véhicule. C’est à ce moment-là que je lui ai demandé de partir avec mes enfants, » dit-elle en larmes. « J’ai appris qu’ils ont été emportés par une vague d’eau en cours de route. »
Le lendemain, les corps sans vie de ses enfants Safiatou et Abdoulaye ont été retrouvés à Dubreka. Celui de sa sœur Souadou, enceinte de trois mois, a été retrouvé le mardi matin suivant.
Cette tragédie marque une nouvelle fois la communauté de Kagbelen, laissant derrière elle des familles dévastées et des questions sans réponse sur la sécurité et la prévention des inondations dans la région.
Fati Diallo