La direction nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale du ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation de Guinée a récemment souligné l’urgente nécessité de passer au crible les formations politiques pour assainir le paysage politique du pays. Cette initiative, bien que bienvenue, soulève des questions quant aux méthodes et aux objectifs visés en politique, où souvent tous les coups sont permis.
Lors d’une présentation du rapport d’évaluation des partis politiques, Djénabou Touré, directrice nationale des Affaires politiques et de l’administration électorale, a évoqué la révision de la charte des partis politiques. Elle a partagé une anecdote révélatrice de son séjour d’études au Ghana : « Les Ghanéens nous ont dit qu’ils s’étaient inspirés de notre charte. C’est une insulte. J’étais avec l’IFES (Fondation internationale pour les systèmes électoraux). Nous sommes arrivés alors qu’ils venaient de dissoudre 17 partis politiques. Là-bas, ils ont institutionnalisé le contrôle des partis politiques, deux fois par an », a-t-elle expliqué.
Selon elle, ce contrôle est effectué durant le premier trimestre de l’année et répété au cours du deuxième trimestre. « Si vous n’êtes pas en règle, surtout sur les questions financières, et que vous ne pouvez pas justifier l’origine de vos fonds ou celle de vos financeurs publics, c’est la dissolution de votre parti », a-t-elle précisé. Djénabou Touré suggère que de telles mesures pourraient être mises en œuvre en Guinée après la finalisation du projet de Constitution. « Il faut réviser la charte des partis politiques, c’est évident. Mais l’État doit aussi assumer ses responsabilités », a-t-elle insisté.
Elle a également mis en lumière un problème récurrent : « Quand un leader politique est au pouvoir et que son propre parti n’est pas en règle, pensez-vous qu’il autorisera le ministère à procéder à une évaluation ? Ce n’est pas une question de compétence du ministère, mais de volonté politique. Si celui qui est au palais sait que son parti est défaillant, il n’autorisera pas l’évaluation. »
Djénabou Touré conclut en affirmant que la période de transition actuelle est propice à l’institutionnalisation de ces contrôles, espérant que les autorités guinéennes poursuivront dans cette voie pour éviter la prolifération des partis politiques non conformes.
Cette initiative, s’inscrivant dans une perspective de bonne gouvernance, apparaît comme une mesure salutaire pour le paysage politique guinéen. Une démarche certes ambitieuse, mais nécessaire pour assainir un milieu où trop souvent, la conformité et la transparence sont reléguées au second plan.
Aziz Camara