La récente décision judiciaire a fait couler beaucoup d’encre : Toumba Diakité, ancien aide de camp du président du Conseil national pour la démocratie et le développement (CNDD), a été condamné à 10 ans de prison pour crimes contre l’humanité. Les accusations portées contre lui étaient lourdes : meurtres, viols, coups et blessures volontaires, vols à main armée, tortures, enlèvements et séquestrations, tous commis dans le cadre d’une attaque systématique contre une population civile. Ces accusations ont été requalifiées en crimes contre l’humanité, reflétant la gravité des actes.
Ce verdict est particulièrement notable en comparaison avec celui de Moussa Dadis Camara et Tiegboro Camara, qui ont écopé de 20 ans de prison dans le cadre de la même affaire du 28 septembre. Pourquoi une telle disparité dans les peines ? Le juge Ibrahima Sory 2 Tounkara a tenu compte de la position de commandement de Diakité et de ses responsabilités en tant que supérieur hiérarchique. Diakité, tout comme Dadis Camara et Tiegboro Camara, avait une responsabilité personnelle envers les auteurs des actes commis ce jour-là. « Ces derniers, étant leurs subordonnés, se trouvaient placés sous leur contrôle effectif », a souligné le juge.
Pendant le régime du CNDD, Diakité était non seulement aide de camp du capitaine Dadis Camara, mais aussi commandant de la garde présidentielle. Le jour des événements tragiques du 28 septembre, il était présent au stade avec des hommes dont il a refusé de révéler l’identité et sur lesquels il n’a pas pu exercer de contrôle. Des éléments du camp Koundara ont également été impliqués dans les atrocités commises ce jour-là, comme l’ont attesté plusieurs témoins, dont Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et Lounceny Fall. Selon eux, les tirs ont commencé avec l’arrivée de Diakité, à la tête d’une horde de bérets rouges armés, semant la terreur parmi la population civile.
Suite à une tentative d’assassinat contre Dadis Camara, Diakité a demandé la grâce du général Sékouba Konaté, affirmant qu’il avait agi sous les ordres du président de la République. « L’armée, nous sommes sous ordre. Je ne peux en aucun cas prendre un groupe de militaires comme ça et aller agir. L’armée, c’est la hiérarchie et la hiérarchie, c’est les ordres », avait-il déclaré à RFI.
Malgré ces déclarations, le juge Tounkara a jugé Diakité coupable de crimes contre l’humanité. Cependant, il a pris en compte la coopération de Diakité pendant le procès. « S’agissant du commandant Aboubacar Diakité dit Toumba, déclaré coupable de crimes contre l’humanité en raison de sa responsabilité en tant que commandant, il faut préciser qu’au cours des débats, il s’est particulièrement distingué par sa bonne foi à aider le tribunal pour la manifestation de la vérité », a souligné le magistrat.
Ainsi, en application des dispositions de l’article 116 du code pénal, le juge a accordé à Diakité une réduction de peine, lui infligeant 10 ans de prison. Une décision qui, bien que basée sur des principes juridiques, continue de susciter des débats passionnés et des interrogations sur la justice et l’équité dans le traitement des responsables des événements du 28 septembre.
Algassimou L Diallo