Conakry, 14 août 2024 – La condamnation de Mamadou Ramadane Diallo et Mamadou Korka Diallo, deux membres éminents de la société civile guinéenne, est un coup dur pour les droits civiques dans notre pays. Le Tribunal de première instance de Mafanco a rendu un verdict inquiétant ce mercredi, les condamnant à un an de prison, dont six mois avec sursis, et à une amende de 500 000 GNF chacun, pour avoir, selon le tribunal, organisé des manifestations publiques interdites.
Ces événements, qui remontent aux journées tumultueuses des 30, 31 juillet et 1er août 2024, sont désormais au centre d’un débat crucial sur la liberté d’expression et le droit de manifester en Guinée. Comment en est-on arrivé à un point où des citoyens sont jugés et condamnés pour avoir simplement tenté de faire entendre leur voix ?
Les arguments de la défense, portés par Me Fodé Mohamed Béavogui, ont mis en lumière le manque de preuves concrètes contre les accusés. Amadou Bah, juriste de profession, a été acquitté faute de preuves, ce qui soulève de sérieuses questions sur la légitimité des accusations portées contre Mamadou Ramadane Diallo et Mamadou Korka Diallo. Comment justifier leur condamnation alors qu’ils n’ont fait qu’exercer leur droit légitime à informer les autorités de leur intention de manifester ?
Le tribunal, en confisquant même les téléphones des condamnés, semble vouloir envoyer un message clair : toute contestation, aussi pacifique soit-elle, sera réprimée avec fermeté. Mais cette décision ne fait qu’accentuer le malaise ambiant. Ce verdict résonne comme une mise en garde aux forces vives de la nation : la société civile est désormais placée sous haute surveillance, et le moindre écart sera sanctionné.
Cette condamnation est non seulement une atteinte aux droits fondamentaux des citoyens, mais elle marque aussi un dangereux précédent dans la gestion des mouvements sociaux en Guinée. En transformant la société civile en bouc émissaire, le pouvoir en place ne fait que renforcer le fossé entre gouvernants et gouvernés, risquant ainsi de faire renaître des tensions déjà bien présentes dans notre pays.
Il est temps de repenser le dialogue entre l’État et les citoyens. Car c’est dans l’écoute et le respect des libertés publiques que la Guinée pourra véritablement avancer sur le chemin de la démocratie.
Alpha Amadou Diallo