La Guinée fait face à une crise énergétique sans précédent, une crise qui a plongé des millions de citoyens dans l’obscurité, rendant leur quotidien encore plus difficile. Les autorités militaires, conscientes de l’urgence de la situation, ont décidé de frapper fort. Depuis le 15 août, un navire thermique turc, véritable bouée de sauvetage énergétique, est amarré au port de Conakry. Avec sa capacité de fournir de l’électricité à moindre coût, ce navire symbolise l’espoir d’un répit pour les trois millions d’habitants de la capitale, asphyxiée par les coupures de courant incessantes.
L’arrivée de ce bateau, capable de générer 114 mégawatts, est perçue par le gouvernement comme une réponse significative à la pénurie d’électricité exacerbée par l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Conakry en décembre 2023. Ce navire devrait être connecté au réseau national d’ici le 25 août, et l’on espère qu’il viendra soulager une population excédée par des mois d’insuffisances énergétiques.
Cependant, il ne faut pas se leurrer. Si cette initiative est un pas dans la bonne direction, elle ne représente qu’une solution temporaire à un problème structurel bien plus vaste. Augmenter l’offre énergétique du pays est essentiel, mais cela ne saurait suffire à combler les lacunes profondes d’un secteur énergivore et mal géré depuis des années. Selon des sources proches du ministère de l’Énergie, la priorité sera donnée aux 675 000 clients d’Électricité de Guinée (EDG) dans la zone de Grand Conakry. Mais qu’en est-il du reste du pays, de ces millions de Guinéens qui, au-delà des frontières de la capitale, attendent toujours un accès stable et équitable à l’électricité ?
La mise en place des compteurs prépayés, ordonnée par le président de la transition, le général Mamadi Doumbouya, s’inscrit dans une démarche de gestion plus rigoureuse des ressources énergétiques. Déjà installés dans tous les ministères, ces compteurs devraient permettre une meilleure solvabilité des ménages, des institutions publiques et des industriels. Mais là encore, cela ressemble davantage à un pansement sur une plaie béante qu’à une véritable réforme en profondeur. L’EDG, entreprise en proie à des défis colossaux, nécessite une transformation radicale, une révolution de sa gestion et de ses infrastructures, au-delà de simples mesures correctives.
La Guinée mérite plus que des solutions temporaires. Elle mérite une vision claire, ambitieuse et durable pour son avenir énergétique. Les initiatives comme l’arrivée de ce navire sont nécessaires, mais elles doivent s’accompagner d’une véritable stratégie nationale pour sortir définitivement le pays de l’ombre.
Alpha Amadou Diallo