Une scène à la fois troublante et symbolique s’est répétée ce samedi 7 septembre 2024 au cœur de Kankan, cette ville historiquement fidèle au pouvoir. L’effigie du général Mamadi Doumbouya, président de la transition, a une fois de plus été consumée par les flammes. Ce n’est pas un fait divers isolé, mais un acte lourd de sens, qui met en lumière un malaise grandissant dans cette ville où les symboles du pouvoir sont de plus en plus remis en question.
Le lieu, le rond-point Komarala Loisirs, est bien plus qu’un simple croisement routier. Il incarne une histoire et une centralité dans la vie des habitants. Y voir brûler une nouvelle fois l’effigie de celui qui dirige la transition guinéenne ne peut être perçu que comme un signal fort. Cette fois, l’auteur, un homme non identifié arrivé en moto, a agi rapidement, aspergeant la statue d’essence avant de l’embraser sous les regards médusés des passants. Son action a été interrompue par les forces de l’ordre, mais le message est passé.
Il s’agit là d’un énième épisode dans une série d’actes de défiance qui, peu à peu, érodent l’image d’un pouvoir autrefois incontesté dans cette région. En 2023, lors des manifestations contre les coupures d’électricité, la photo du général Doumbouya avait déjà été incendiée. Si l’acte avait alors soulevé l’indignation, il semble désormais s’inscrire dans une forme de révolte plus ancrée, plus diffuse.
Que faut-il en déduire ? Kankan, longtemps bastion du pouvoir, envoie des signaux clairs d’un mécontentement qui couve. Les raisons de la frustration sont multiples, allant des promesses non tenues aux conditions de vie qui se dégradent. L’incendie de l’effigie du général Doumbouya n’est pas un simple geste de vandalisme, c’est l’expression d’un ras-le-bol que les autorités doivent prendre au sérieux.
La question n’est plus de savoir si Kankan reste acquise au pouvoir, mais combien de temps encore ces tensions latentes pourront être contenues avant qu’elles ne se transforment en un brasier politique plus large. Le symbole est clair : les flammes qui ont consumé l’effigie du général Doumbouya révèlent une colère profonde, qui, si elle n’est pas écoutée, pourrait bien (…)
Alpha Amadou Diallo