Il est des lieux qui portent l’empreinte de l’histoire, et la maison de Myriam Makeba à Dalaba en fait partie. Mais cette résidence, où le souffle de la légendaire chanteuse africaine semble encore habiter les murs, est aujourd’hui victime d’une série de cambriolages répétés. Le dernier en date, survenu le vendredi 6 septembre 2024, laisse un goût amer.
Profitant de la tranquillité de la prière du vendredi, des voleurs ont une nouvelle fois pénétré cette demeure historique, emportant plusieurs objets précieux. Oumar Telly Diallo, le gardien des lieux, a fait la triste découverte en compagnie de touristes, venus rendre hommage à la mémoire de Makeba. « Quand je suis revenu avec eux, j’ai tout de suite vu que quelque chose n’allait pas. La porte de la cuisine était ouverte, et en levant les yeux, un tableau avait disparu », a-t-il relaté, encore sous le choc.
Ce n’est pas un simple tableau que ces malfrats ont emporté. Cinq œuvres d’art, dont certaines avaient été offertes à Myriam Makeba par le président Sékou Touré en 1967, ont été volées. Parmi elles, un portrait de Makeba et une représentation délicate d’un papillon, symboles d’un pan de l’histoire culturelle guinéenne. Cependant, une caisse remplie de livres, probablement jugée sans valeur, a été laissée intacte. Ironie amère, quand on sait que ces livres racontent sans doute des histoires de luttes, de résistances et de patrimoine.
Pourtant, ce n’est pas la première fois que la maison de Makeba est ainsi violée. Le gardien le confie avec une lassitude palpable : « C’est la sixième fois au moins. J’ai remis des cambrioleurs à la police, mais aucune suite n’a jamais été donnée. » Ce sentiment d’impunité semble régner, transformant cet endroit emblématique en cible facile. Les mêmes méthodes sont employées : un guetteur à l’extérieur, des complices à l’intérieur, et toujours ce même goût d’inachevé laissé par des enquêtes qui n’aboutissent jamais.
Qu’attend-on pour protéger cet héritage ? Chaque vol n’est pas seulement une perte matérielle, c’est un morceau de notre mémoire collective qui s’effrite, un affront à la figure de celle que l’on surnommait affectueusement « Mama Africa ». Il est urgent que les autorités prennent la mesure de ce drame patrimonial qui se joue sous nos yeux. La maison de Myriam Makeba n’est pas seulement un musée, c’est un symbole. Un symbole que l’on ne saurait laisser sombrer dans l’indifférence.
L’histoire, ici, n’attend qu’une chose : que justice soit faite.
Algassimou L Diallo