Deux mois se sont écoulés depuis la disparition inexpliquée de Foniké Mengué et Billo Bah, deux figures marquantes de la société civile guinéenne. Alors que l’angoisse des familles ne faiblit pas, la désillusion des citoyens vis-à-vis des autorités de la transition s’accroît. Abdoul Sacko, coordinateur du Forum des forces sociales de Guinée (FFSG), résume le sentiment général : la République est en déclin, et l’État semble avoir abandonné ses responsabilités.
Un État en déroute face à la disparition
Pour Abdoul Sacko, ces deux mois symbolisent une lente descente aux enfers pour la Guinée. Dans un climat où la sécurité de ses citoyens est compromise, l’État paraît démissionnaire. « La protection des citoyens est le strict minimum que les autorités militaires doivent garantir, et elles échouent dans cette mission », fustige-t-il. Cette incapacité des autorités à garantir la sécurité de personnes aussi visibles que Menguet et Bah est un signal alarmant pour le reste de la population.
Inaction des autorités : un silence lourd de sens
Le plus troublant dans cette affaire, selon Sacko, est l’attitude des autorités. Quand le procureur affirme que ni les forces de sécurité ni la justice ne savent où sont ces hommes, cela laisse perplexe. « Comment peut-on laisser disparaître deux acteurs publics sans explication ? », interroge-t-il, soulignant ainsi l’échec flagrant du gouvernement à assurer un minimum de protection et de transparence.
Des propos officiels qui choquent
Les déclarations du Général Amara Camara, porte-parole du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), lors des récentes célébrations de l’anniversaire du CNRD, ont ajouté de l’huile sur le feu. « Des disparitions, il y en a dans tous les pays », a-t-il lâché, provoquant une onde de choc. Sacko n’y voit qu’un mépris insoutenable pour la gravité de la situation. Pour lui, ces mots traduisent une insouciance dangereuse et révèlent les limites de la gouvernance actuelle.
Un avenir incertain et des répercussions internationales
Plus inquiétant encore, Abdoul Sacko met en garde contre les conséquences à long terme de cette gestion catastrophique. « En niant l’évidence ou en minimisant la gravité des disparitions, le régime décourage toute confiance, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays », déclare-t-il. Les investisseurs, comme les partenaires internationaux, pourraient se détourner de la Guinée, freinant ainsi toute tentative de développement. Cette gestion déconnectée des réalités du terrain, observe-t-il, est en train de miner les fondements mêmes de la République
La peur au quotidien : un climat oppressant
Dans ce contexte, la peur s’installe parmi les acteurs publics et les citoyens. Chaque Guinéen engagé dans la vie publique vit désormais avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. « Personne n’est à l’abri, et chaque jour est une incertitude », témoigne Abdoul Sacko. Cette crainte généralisée étouffe toute tentative de mobilisation citoyenne et pèse lourdement sur l’avenir du pays.
Deux mois après la disparition de Foniké Mengué et Billo Bah, l’angoisse persiste, mais c’est surtout la défiance envers un régime incapable de protéger ses citoyens qui s’accentue.
Alpha Amadou Diallo