Le retour du président de la transition, le colonel Mamadi Doumbouya, de son voyage en Chine pour le Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), a donné lieu ce matin à une mise en scène sécuritaire des plus impressionnantes à l’aéroport international Ahmed Sékou Touré de Conakry. Dès les premières heures, les Forces spéciales, flanquées de la police et de la gendarmerie, ont pris position, quadrillant méticuleusement l’ensemble de l’aéroport et ses alentours.
Véhicules blindés, canons en vue, soldats en alerte… la capitale guinéenne a vécu au rythme d’une véritable démonstration de force. De l’aéroport jusqu’au centre névralgique de Kaloum, en passant par l’autoroute Fidel Castro, tout a été orchestré pour rappeler que la mainmise de Doumbouya sur le pays ne tolère aucun faux pas. Chaque geste, chaque déplacement semble pesé et mesuré dans un contexte où la sécurité n’est plus seulement une question de protection, mais bien de contrôle.
Pourtant, en marge de cette imposante mise en scène, l’ambiance festive affichée par les partisans du leader militaire a tout l’air d’une tentative de contrebalancer ce climat martial. Tee-shirts blancs, slogans flatteurs – « Agir et bâtir pour le peuple », « Général Doumbouya, notre fierté » – des centaines de sympathisants ont accouru pour acclamer leur champion. Mais derrière ces réjouissances, une question s’impose : quel message cherche-t-on réellement à faire passer ?
Le FOCAC, et les perspectives de coopération sino-africaine qu’il promet, pourraient certes ouvrir de nouveaux horizons pour la Guinée. Mais c’est bien le retour du chef de la junte et les conditions de sa réception qui parlent aujourd’hui. Une scène où la sécurité prend des airs de démonstration, et où la fête populaire masque difficilement une tension latente. Le pouvoir de Doumbouya repose-t-il sur l’adhésion populaire ou sur une poigne militaire implacable ?
Alpha Amadou Diallo