Le samedi 14 septembre 2024 marquera une date historique dans la quête de justice en Guinée. Sous la direction du gouvernement de transition, piloté par le général Mamadi Doumbouya, 2 600 familles victimes des déguerpissements de Kaporo-Rails, Kipé II et Dimesse verront enfin leurs terres leur être restituées. Cette cérémonie, prévue à Wonkifon, dans la préfecture de Coyah, concerne plus de 200 hectares, mettant ainsi fin à une lutte de plus de deux décennies.
Une réconciliation nationale en marche
Depuis la prise de pouvoir par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) en 2021, la réconciliation nationale figure parmi les priorités affichées du régime. Les expulsions brutales de 1998 et 2019 ont laissé des cicatrices profondes, avec des milliers de familles brutalement arrachées à leurs terres, leurs maisons démolies. Aujourd’hui, la restitution de ces terres incarne un espoir renouvelé pour les victimes. Ce geste dépasse la simple réparation matérielle : il symbolise une volonté politique de guérir des blessures longtemps négligées.
Mamadou Samba Sow, porte-parole des victimes, n’a pas caché son émotion : « Après tant d’années de lutte, c’est un soulagement indescriptible. Nous avons enfin été entendus. » Dès les premières heures du régime Doumbouya, le collectif des victimes avait soumis un appel urgent au CNRD, demandant que leur cause soit mise au cœur des préoccupations nationales. Aujourd’hui, leur ténacité porte ses fruits.
Une lutte de longue haleine enfin récompensée
Le chemin fut long et semé d’embûches. Pendant des années, les victimes ont multiplié les démarches, envoyé des lettres ouvertes et sollicité des audiences, sans jamais fléchir. Un tournant décisif a été atteint lorsque le ministre de l’Habitat, Ousmane Gaoual Diallo, a accepté de les recevoir. Pour la première fois, les victimes se sont senties écoutées. Le recensement minutieux de plus de 2 600 familles affectées a été effectué en collaboration avec plusieurs ministères et la Société Nationale d’Aménagement et de Promotion Immobilière (SNAPI).
Cette victoire, bien que tardive, est le résultat d’un engagement collectif. Lors d’une visite sur le site de Wonkifon, les familles ont pu découvrir les terres qui leur seront rendues. Ce moment fut un mélange de soulagement et de reconnaissance, un signe que justice est enfin rendue après tant d’années d’incertitude.
Gratitude et espoir pour l’avenir
La gratitude envers le général Doumbouya et son gouvernement est palpable. « Le président a séché nos larmes là où d’autres les ont versées », a souligné Mamadou Samba Sow, traduisant l’immense reconnaissance des victimes envers un régime qui a su tenir ses promesses. Toutefois, ce succès soulève d’autres questions : comment les familles seront-elles réinstallées ? Quelles compensations financières sont envisagées pour les pertes subies ?
Si la restitution des terres marque une étape cruciale, la vigilance reste de mise. Les autorités devront veiller à un accompagnement adéquat pour permettre aux familles de reconstruire leur vie dignement. La question foncière en Guinée, déjà complexe, pourrait soulever de nouveaux débats dans les mois à venir, mais cette restitution est un premier pas tangible vers la justice.
La nation guinéenne, à travers ce geste, amorce un véritable processus de réconciliation. Il reste à espérer que ce vent de justice continue de souffler sur d’autres dossiers en attente, pour que tous ceux qui ont souffert retrouvent un jour la paix.
Mohamed lamine Diallo, journaliste