Le 14 septembre 2024, lors d’une assemblée extraordinaire de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), une voix familière a résonné avec la clarté d’un avertissement solennel : celle de Cellou Dalein Diallo. Le leader historique de l’opposition, éloigné de sa terre natale, mais jamais de son combat pour une Guinée démocratique, n’a pas mâché ses mots. Son message est sans ambiguïté : la junte dirigée par Mamadi Doumbouya est en passe de verrouiller le pouvoir, au mépris des engagements pris et des aspirations du peuple.
« Mamadi Doumbouya veut se présenter, il n’y a pas de doute », a lancé Diallo depuis l’étranger, en dénonçant la stratégie désormais évidente de la junte. Cette stratégie, selon lui, consiste à retarder les élections prévues, à repousser l’échéance démocratique pour mieux préparer une confiscation du pouvoir. Une junte qui, sous couvert de transition, déploie ses filets pour transformer un régime provisoire en un règne prolongé.
Diallo, qui a porté à maintes reprises la voix de ceux qui refusent de plier devant l’autoritarisme, n’a cessé de pointer du doigt le jeu trouble des militaires. Dès les premiers mois de leur prise de pouvoir, les observateurs critiques, comme l’UFDG, ont vu clair dans les manœuvres du CNRD. Aujourd’hui, la réalité saute aux yeux : les promesses de transition, les engagements de non-participation aux élections, tout cela n’était que poudre aux yeux. Les masques sont tombés.
Le peuple guinéen, quant à lui, observe, impuissant, cette dérive. Les libertés fondamentales, tant chéries et longtemps défendues par des générations d’opposants, sont aujourd’hui en péril. Diallo, qui a vu et combattu ces tendances autoritaires à plusieurs reprises dans sa carrière, ne peut que sonner l’alarme. Liberté de presse, droit de réunion, d’association, tout est menacé. Cette transition qui promettait un avenir radieux se mue, peu à peu, en un cauchemar pour les Guinéens aspirant à la démocratie.
Plus inquiétant encore, c’est le jeu d’influence que semble mener la junte, en s’appuyant sur des soutiens soigneusement achetés au sein de la société civile, des médias et des leaders religieux. Diallo n’hésite pas à dénoncer cette trahison des promesses, soulignant avec force l’importance de la parole donnée dans une société où l’honneur reste une valeur cardinale.
Dans ce contexte, l’appel à un retour à l’ordre constitutionnel n’a jamais été aussi crucial. Diallo, toujours porteur de l’espoir d’un renouveau démocratique, exhorte à l’exclusion des membres de la junte et du gouvernement de la prochaine compétition électorale. Une manière pour lui de garantir que le peuple guinéen puisse choisir librement ses dirigeants, sans subir la pression d’un pouvoir militaire omniprésent.
L’enjeu est clair : il s’agit de préserver les acquis démocratiques, de restaurer la confiance dans les institutions et d’empêcher qu’un régime de transition ne se mue en dictature. Diallo le sait mieux que quiconque : l’histoire de la Guinée est jalonnée de ces périodes d’incertitude où l’ombre de l’autoritarisme semble l’emporter. Mais, comme il l’a rappelé, « la volonté du peuple triomphera ».
L’heure est venue, pour la Guinée, de faire un choix décisif.
Alpha Amadou Diallo