Les hauts fonctionnaires de l’État guinéen se retrouvent de plus en plus sous les projecteurs des médias internationaux, confrontés à des questions délicates, notamment sur la potentielle candidature du président de la transition, Mamadi Doumbouya, à l’élection présidentielle de 2025. Le Premier ministre, Amadou Oury Bah, n’a pas échappé à cet exercice lors de son passage sur Radio France Internationale (RFI).
Après Dansa Kourouma, président du Conseil national de la transition, interrogé sur France 24 et TV5 Monde, c’était au tour du Premier ministre de défendre la position de la junte guinéenne face aux interrogations croissantes sur l’éventuelle participation de Mamadi Doumbouya à la prochaine présidentielle.
Lors de l’interview, la question suivante lui a été posée : « Des membres de la présidence ont affirmé que rien n’empêchera Mamadi Doumbouya de se présenter à l’élection présidentielle de 2025, alors que la charte de la transition, qu’il a signée, l’en empêche. Comment expliquer ce paradoxe aux électeurs ? »
Amadou Oury Bah a répondu en insistant sur la primauté de la Constitution : « Ce qui est essentiel, c’est la Constitution. Elle doit être au-dessus de toute considération personnelle. Une fois la Constitution adoptée, la charte n’aura plus d’effet. Toute personne, remplissant les critères définis dans cette Constitution, pourra présenter sa candidature », a-t-il déclaré.
Le journaliste de RFI a ensuite enchaîné avec une remarque plus incisive : « Il y a la loi, mais il y a aussi la morale, Monsieur le Premier ministre. Je pense à Amadou Toumani Touré au Mali, qui avait rendu le pouvoir aux civils avant de revenir dix ans plus tard pour devenir président. »
Le Premier ministre a rétorqué : « Je comprends votre point de vue, mais en Guinée, nous avons tendance à tout personnaliser. Ce qui est essentiel aujourd’hui, c’est de partager le texte et d’instaurer une véritable culture démocratique. »
Enfin, le journaliste a abordé la question du soutien implicite de certains membres du gouvernement à une candidature de Mamadi Doumbouya : « Vous-même, ainsi que certains de vos ministres, soutenez cette candidature. Pourquoi ? »
Amadou Oury Bah a conclu en affirmant : « Je dis pourquoi pas, car chaque citoyen qui incarne une vision pour la Guinée d’aujourd’hui et de demain a la liberté de se porter candidat. »
Cette position reflète une stratégie délicate de la part du gouvernement, qui tente de concilier les engagements pris lors de la transition avec les ambitions politiques croissantes au sein de l’exécutif.
Saliou Keita