Le 2 octobre 2024, la Guinée a célébré le 66e anniversaire de son indépendance, un moment de commémoration empreint de solennité. À la Place des Martyrs, le général Mamadi Doumbouya, président de la transition, a rendu hommage à ceux qui ont pavé la voie de la souveraineté nationale. En déposant une gerbe de fleurs, il a symbolisé la reconnaissance de toute une nation pour le sacrifice des héros de la lutte anticoloniale.
Cette cérémonie, qui nous renvoie au célèbre « non » de 1958, ne pouvait se limiter à un simple rituel protocolaire. Il s’agit de rappeler que la quête de liberté, initiée par nos aînés, nous interpelle encore aujourd’hui. L’histoire de la Guinée, marquée par cet acte audacieux, devrait résonner comme un appel constant à la dignité, au courage et à l’unité.
Ce qui interpelle également, c’est l’absence de certains membres du gouvernement à cette cérémonie d’une importance capitale. Ce décalage entre la symbolique de l’événement et l’absence de certains représentants de l’État laisse un goût amer. Car au-delà de l’hommage aux martyrs, c’est toute une réflexion sur l’état actuel de notre nation qui aurait dû s’imposer à nos dirigeants.
La présence massive de la population, en revanche, est un signe fort. Elle montre que les citoyens guinéens, malgré les turbulences politiques, tiennent à préserver ce lien sacré avec leur passé. Mais ce même peuple attend aussi des réponses aux défis du présent et du futur. La mémoire ne peut être un refuge pour éviter les urgences contemporaines : le chômage, la corruption, l’instabilité politique. C’est à la lumière du sacrifice de nos ancêtres que nous devons redessiner le chemin vers une Guinée plus juste, plus prospère et plus respectueuse des aspirations de ses enfants.
En ce jour de commémoration, il est essentiel de se souvenir que l’indépendance n’est pas un acquis statique. C’est une lutte permanente qui demande des leaders capables de s’élever à la hauteur des attentes du peuple. À l’image de ceux qui ont dit « non » à la domination coloniale, nous avons besoin de responsables capables de dire « non » à l’injustice, à l’inefficacité, et à la division.
Le général Doumbouya a su incarner, ce jour-là, la mémoire et le respect dû aux martyrs. Mais l’histoire jugera aussi sa capacité, ainsi que celle de ses pairs, à construire l’avenir de la Guinée, une Guinée libre, indépendante, et véritablement au service de son peuple.
Alpha Amadou Diallo