La semaine dernière, la sous-préfecture de Gbérédou Baranama a été le théâtre d’un violent affrontement qui a coûté la vie à trois personnes et fait plusieurs blessés. Cet incident a profondément marqué cette région minière, encore sous le choc. Parmi les survivants, Kaba Condé, un jeune homme d’une vingtaine d’années, a livré un témoignage poignant depuis son lit d’hôpital à Kankan.
Alité, le corps couvert de bandages, Kaba revit cette nuit cauchemardesque. Il raconte comment, alors qu’il rentrait d’une cérémonie funéraire dans un village voisin, il a été confronté à une violence inimaginable. « J’ai été la première personne arrêtée par les habitants de Baranama ce jour-là », explique-t-il d’une voix affaiblie. « Après la cérémonie, je suis arrivé chez le président du district à 16 heures. Il nous a envoyés chez le sous-préfet, mais celui-ci nous a laissés sans aucune protection. »
C’est à partir de ce moment que l’angoisse a commencé à s’installer. Peu avant minuit, vers 23 heures, le drame s’est noué. Un homme, surnommé “Maire”, a enfoncé la porte de la maison où Kaba et ses compagnons s’étaient réfugiés. « Les jeunes du village sont arrivés et ont lancé l’attaque », se remémore-t-il avec émotion. « Mon frère a été blessé en premier. Ils lui ont coupé la main et ont tenté de lui trancher la tête. Par chance, il a esquivé le coup fatal mais a perdu ses deux mains. »
Kaba décrit avec une précision effrayante les scènes de brutalité qu’il a vécues. « Ils ont essayé de me couper la main. J’ai tenté de me défendre, mais ils m’ont sectionné un doigt. Le plus âgé de notre groupe s’était caché sur le toit d’un magasin, mais ils l’ont découvert. Ils l’ont battu, puis, quand ils ont vu qu’il respirait encore, ils ont tiré sur lui. »
Pour survivre, Kaba et ses camarades ont feint la mort. « Ils sont revenus trois fois pour vérifier. Mon ami m’a dit de rester immobile et silencieux. Ce n’est qu’à l’arrivée des forces de l’ordre, vers 9 heures du matin, que nous avons su que nous étions encore vivants », raconte-t-il, la voix tremblante.
L’incident laisse la communauté meurtrie, posant de sérieuses questions sur la sécurité dans cette zone sensible. Les habitants de Gbérédou Baranama attendent désormais des réponses, tandis que les autorités sont appelées à agir pour prévenir de nouvelles violences et restaurer la paix dans cette région troublée.
Aziz Camara