L’Afrique de l’Ouest se trouve une fois de plus à un carrefour dangereux. Le dernier rapport du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel (UNOWAS) dépeint un tableau alarmant de la situation politique et des droits humains dans la région pour la première moitié de 2024. La Guinée, un pays déjà tourmenté par une transition prolongée, se retrouve sous les projecteurs d’une communauté internationale de plus en plus inquiète.
Le retour à l’ordre constitutionnel, initialement promis pour fin 2024, semble désormais glisser hors de portée. Les récentes déclarations du Premier ministre Bah Oury suggèrent une transition qui pourrait s’étendre jusqu’en 2025, voire au-delà. Cette perspective d’un report est un signe inquiétant d’une instabilité croissante, non seulement pour la Guinée, mais aussi pour l’ensemble de la sous-région.
Sur le front des droits humains, la situation est tout aussi préoccupante. Le rapport d’UNOWAS souligne une régression inquiétante des libertés fondamentales. L’espace civique, autrefois le poumon de la démocratie, se rétrécit dangereusement. La liberté d’expression, jadis un droit acquis, est aujourd’hui un luxe que peu peuvent se permettre. L’interdiction des manifestations et les répressions qui s’ensuivent sont devenues monnaie courante.
Le cas emblématique de Sékou Jamal Pendessa, Secrétaire général du Syndicat des professionnels de la presse de Guinée, condamné pour avoir osé participer à un rassemblement, est une triste illustration de cette dérive. Sa condamnation, suivie de sa libération le jour même, n’a fait qu’attiser la colère populaire, déclenchant des manifestations qui ont paralysé le pays pendant deux jours. Cet événement est une preuve de plus que le pays est à bout de souffle, pris au piège entre une transition interminable et une répression croissante.
Le rapport de l’UNOWAS est un cri d’alarme, une mise en garde contre l’apathie internationale face à cette crise qui ne cesse de s’aggraver. L’Afrique de l’Ouest ne peut se permettre de sombrer dans le chaos. Il est impératif que les droits fondamentaux soient protégés et que la Guinée, ainsi que ses voisins en transition, retrouvent le chemin de la stabilité et de la démocratie. Le monde doit prêter attention avant que cette ombre sombre ne devienne une nuit sans fin pour toute la région.
Alpha Amadou Diallo