Dans le paysage éducatif guinéen, la reconnaissance du mérite, de l’excellence et de la compétence s’affirme comme des piliers indispensables à l’épanouissement d’un système d’enseignement de qualité. Toutefois, cette célébration, si nécessaire soit-elle, se trouve confrontée à des défis substantiels, révélant les lacunes profondes du système éducatif du pays.
Remontant aux premières heures de l’éducation guinéenne, l’appréciation du mérite et de l’excellence a traversé les époques, de l’école coloniale jusqu’aux initiatives contemporaines. Mais l’actuelle semaine nationale du mérite scolaire, souvent marquée par un tumulte d’activités superficielles, de propagande et d’interruptions des cours, constitue une innovation dans notre paysage éducatif. Ce qui aurait dû être une initiative portée par les ONG, soutenue par le gouvernement, se trouve brouillée par les impératifs financiers, mettant en évidence les tensions entre les autorités éducatives et le budget nécessaire à la réalisation de cet événement.
Certes, l’État mérite des éloges pour son engagement financier en faveur des élèves méritants, une pratique qui encourage l’émulation et stimule le travail scolaire. Toutefois, il est crucial de reconnaître que la clé de voûte pour l’avancement de l’excellence réside dans l’amélioration des conditions de travail des enseignants. En effet, l’enseignant, pilier fondamental du mérite scolaire, nécessite un soutien psychosocial adéquat pour pouvoir donner le meilleur de lui-même.
Dans cette optique, investir dans les enseignants est impératif, comme recommandé lors du sommet mondial de la transformation de l’éducation en 2022. Un enseignant motivé, soutenu et bien rémunéré constitue un atout majeur pour la promotion de l’excellence éducative. Il est crucial de garantir leur bien-être, y compris la sécurité sociale et la protection contre les risques professionnels.
Toutefois, la célébration du mérite ne peut se limiter à des gestes symboliques. Elle doit s’accompagner de mesures concrètes, telles que la responsabilisation des chefs d’établissement dans l’organisation de la semaine nationale du mérite scolaire et la diversification des récompenses accordées aux élèves. En outre, il est impératif de lutter contre les inégalités sociales et régionales dans l’accès à l’éducation, ainsi que d’améliorer les infrastructures scolaires pour garantir un environnement propice à l’apprentissage.
En définitive, l’État doit investir massivement dans l’éducation, reconnaissant que le meilleur investissement réside dans le développement de ses ressources humaines. La promotion du mérite et de l’excellence ne peut se faire qu’à travers un engagement ferme en faveur de l’enseignement et de l’apprentissage de qualité, un objectif essentiel pour l’avenir de la Guinée..
Michel Pépé Balamou