À chaque époque, il y a des voix qui se lèvent contre l’injustice, et en Guinée, celle de Cellou Dalein Diallo résonne avec une clarté troublante. L’ancien Premier ministre et leader de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG) a récemment fustigé la posture des partis politiques guinéens face à la junte militaire en place depuis le coup d’État de septembre 2021.
Dans une récente intervention sur une radio canadienne, Diallo a dénoncé ce qu’il qualifie de « soutien aveugle » de la majorité des formations politiques envers le régime militaire. Il est difficile de ne pas voir la gravité de ses propos lorsqu’il accuse une grande partie de l’élite politique de fermer les yeux, voire d’applaudir la confiscation du pouvoir par la junte. Pour Diallo, cette allégeance ne découle pas seulement d’un soutien idéologique, mais d’une réalité plus sombre : l’opportunisme politique, l’attrait des privilèges et l’absence d’intérêt réel pour les échéances électorales.
« Beaucoup de ces partis n’ont jamais participé à des élections ou n’ont jamais eu d’élus », déplore-t-il, soulignant l’immobilisme qui gangrène la scène politique guinéenne. Loin de se contenter de pointer du doigt les politiques, Diallo s’attaque aussi à la corruption qui gangrène l’ensemble de la société civile. Personne n’est épargné : imams, journalistes, patrons de presse, tous sont, selon lui, instrumentalisés ou intimidés pour servir la cause d’un pouvoir militaire qui s’enracine un peu plus chaque jour.
Cette dénonciation survient à un moment critique. Les élections promises tardent à voir le jour, et chaque jour qui passe semble éloigner davantage la Guinée de la démocratie. Le silence des partis, face aux dérives autoritaires, n’est-il pas en réalité une complicité tacite ? Diallo, en tout cas, refuse de se taire. Il semble, plus que jamais, déterminé à rappeler que l’histoire ne pardonne jamais l’indifférence face à la tyrannie.
Le constat est amer, mais la question reste : jusqu’où ira ce soutien silencieux à la junte, et à quel prix pour le peuple guinéen ?
Alpha Amadou Diallo