Dans l’obscurité croissante du jeudi 30 mai 2024, une tension tangible imprègne l’air saturé de chaleur. Au cœur des contrées paisibles de la campagne guinéenne, le village de Kounté, blotti sous l’ombre bienveillante de la sous-préfecture de Tondon, est une fois de plus le théâtre d’une tragédie qui s’inscrit dans les annales de son histoire tourmentée.
De l’autre côté de la frontière invisible qui sépare les terres de Kounté de celles de Konéya, dans la commune rurale de Bangouya, préfecture de Kindia, gronde une querelle ancestrale. Deux villages, chacun revendiquant la paternité d’un précieux bas-fond, se retrouvent à nouveau face à face, prêts à en découdre.
Ce lopin de terre est bien plus qu’un simple territoire disputé. Il représente l’héritage de générations, le fruit d’un labeur acharné et le ciment qui unit des liens ancestraux.
Mais cette nuit-là, ces liens semblent prêts à se rompre. Les voix s’élèvent, chargées d’émotions longtemps contenues, alors que les deux villages se font face, leurs regards étincelant de détermination mêlée de colère. Les cris se perdent dans le crépitement des armes artisanales, tandis que la nuit engloutit les lamentations et les prières désespérées des femmes et des enfants terrés dans leurs maisons.
Au milieu de ce tumulte infernal, la mort frappe impitoyablement. Saidouba Sylla, un jeune homme de trente ans, marié à deux femmes et père de quatre enfants, devient une victime anonyme de cette guerre fratricide. Son nom, jadis porteur d’espoir et de promesses, résonne désormais dans les cœurs brisés de sa famille.
Le bilan, aussi macabre que prévisible, témoigne d’une perte irréparable : un mort, quatre blessés et des âmes meurtries à jamais.
Car cette tragédie n’est pas un incident isolé, mais plutôt le dernier chapitre d’une saga de rivalités ancestrales et de querelles territoriales. Konéya et Kounté, liés par le destin et séparés par la cupidité et la méfiance,… refuse d’absorber davantage de douleur et de souffrance.
Ainsi va le destin de ces villages, emportés dans un tourbillon de violence et de désespoir, condamnés à vivre ensemble jusqu’à ce que la lumière de la raison et de la tolérance perce enfin les ténèbres de l’ignorance et de la haine. Cependant, alors que le pays pleure de tels actes abominables, on ne peut s’empêcher de se demander pourquoi ces querelles pour une terre qui n’appartient qu’à Allah. Ils sont appelés à quitter cette terre tôt ou tard ; il est naïf de se laisser entraîner par Satan. Puisse le Tout-Puissant protéger ce pays de ces crimes odieux.
Djoubayirou BALDE