Conakry – Le collectif des professionnels de l’éducation exprime sa profonde inquiétude quant à la situation des enseignants contractuels communaux de Conakry. Selon Moussa Doré, le coordinateur du collectif, ces enseignants ont été exclus du processus d’enrôlement, en raison de soupçons de manipulation des chiffres et de corruption. Une situation qui plonge l’éducation locale dans le chaos.
« La situation des contractuels de Conakry est très complexe », explique Moussa Doré. « Tandis que les autres enseignants contractuels étaient envoyés à l’intérieur du pays, recrutés par le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD), nous avions recommandé à nos contractuels de se rendre à l’intérieur du pays. Cependant, certains d’entre eux ont décidé de rester à Conakry. »
Les choses ont commencé à se détériorer lorsque Mory Condé, un responsable gouvernemental, a demandé à établir un chiffre exact des enseignants contractuels à Conakry. Pour ce faire, le ministre de l’Éducation nationale, Guillaume Hawing, a mis en place une commission conjointe avec le ministère de la Fonction publique. Le résultat du premier recensement indiquait qu’il y avait 2 532 enseignants contractuels dans la zone spéciale de Conakry.
Cependant, le processus a été compromis par des allégations de corruption. Un membre de la commission aurait demandé 6 millions de francs guinéens à des enseignants pour les inscrire sur la liste officielle. Alerté par des rumeurs de corruption, le ministre Hawing a envoyé des agents infiltrés qui ont pris le membre de la commission en flagrant délit d’acceptation de pots-de-vin. Le coupable a été arrêté et emprisonné pendant deux semaines.
« Le ministre Hawing a tenté de redresser la situation pour aider les enseignants de Conakry, qui avaient déjà travaillé en 2018, mais l’acte de corruption a tout bouleversé », raconte Moussa Doré. « Depuis lors, le ministre a perdu toute confiance dans le fichier, et personne ne parle plus de cette liste des enseignants contractuels de Conakry. Même les autorités affirment ne pas savoir s’il existe des enseignants contractuels à Conakry. »
Aujourd’hui, le collectif des professionnels de l’éducation se retrouve dans une impasse, avec des enseignants contractuels qui se sentent oubliés par les autorités. Le collectif appelle à des mesures claires pour rétablir l’intégrité du processus d’enrôlement et garantir que les enseignants contractuels de Conakry ne soient pas laissés-pour-compte. Le ministère de l’Éducation nationale n’a pas encore commenté ces allégations ni annoncé de plan pour résoudre cette crise.
Saliou Keita