Depuis plusieurs jours, trois commissaires de la Haute Autorité de la Communication (HAC) séjournent en Haute Guinée. L’après-midi de mercredi, ils ont rencontré les représentants des médias locaux à la Maison régionale de la presse, située au quartier Aéroport. Au cours de cet échange de plus de deux heures, les commissaires ont sévèrement sermonné les responsables des grands groupes de médias récemment fermés par l’État.
Ibrahima Tawel Camara, Fanta Grovogui et Djene Diaby sont en mission en Haute Guinée pour aborder les dérives observées dans la sphère médiatique guinéenne. Lors de cette réunion, Djene Diaby a particulièrement formulé de graves accusations contre les patrons des principaux médias du pays dont les agréments ont été retirés par arrêté du ministre de l’Information et de la Communication. Selon elle, ces responsables auraient reçu de l’argent du président de la transition en échange d’un ajustement du contenu de leurs émissions. Après avoir empoché ces sommes, ils auraient manqué à leurs engagements.
« Les patrons ont eu leur part de responsabilité », a déclaré Djene Diaby. « Ce qui est caché, nous allons vous le révéler. Chacun de ces patrons a reçu de l’argent à la présidence, main à main avec Mamadi Doumbouya, et ils ont signé des engagements. Lorsqu’ils ont reçu l’argent, un autre directeur est allé à la présidence, via Moussa Moïse Sylla, et a proposé d’aider le président en échange de 100.000 euros. Le président, furieux, l’a chassé de son bureau. Ils prennent 300.000, 200.000, 100.000 euros et insultent ensuite le président à la radio. Que peut-il faire ? », interroge-t-elle.
Djene Diaby a exprimé une certaine compassion pour les techniciens des médias fermés, mais aucune pour les patrons et les animateurs des émissions populaires. « C’est regrettable pour les techniciens, mais pour les journalistes de ces émissions à grand débat, je n’ai aucune compassion. Nous les avons prévenus à plusieurs reprises, mais ils n’ont pas écouté. Nous leur avons conseillé de faire profil bas durant la transition. Après, les choses reviendront à la normale », a-t-elle expliqué. Elle a rappelé un incident récent où les animateurs de « On refait le monde » ont critiqué la HAC après avoir été convoqués. « Maintenant, que peut-on faire ? On les avait prévenus. Les patrons de médias ont pris l’argent un à un. Sinon, pourquoi fermer une radio, une télé sans conséquence ? Le jour du retrait des agréments, ils voulaient parler, mais se sont tus, sachant qu’ils avaient reçu l’argent. Je doute que ces médias soient rétablis, d’autres sont déjà ciblés », a-t-elle ajouté.
Les commissaires de la HAC ont annoncé que la liste des personnes ayant perçu de l’argent à la présidence sera publiée dans les prochains jours.
Saliou Keita