Au cœur des tumultes politiques guinéens, une entrevue exclusive accorde la parole à Bah Oury, Premier ministre, dans les colonnes prestigieuses de Jeune Afrique. Les enjeux majeurs de l’heure se dessinent alors, mettant en lumière la nécessité pressante d’un dialogue inclusif pour apaiser les tensions et répondre aux multiples préoccupations sociopolitiques.
Sans ambages, Bah Oury reconnaît l’impératif absolu d’instaurer ce dialogue, soulignant l’engagement des autorités guinéennes à réunir toutes les voix autour de la table des négociations. Mais une question cruciale se profile : peut-on véritablement prétendre à l’inclusivité lorsque certains acteurs politiques de premier plan dédaignent ces échanges ?
Usant d’une métaphore évocatrice, le Premier ministre peint le processus de dialogue tel un festin où chacun est convié. Toutefois, il déplore la réticence de certains acteurs politiques à prendre part aux débats, invoquant des conditions jugées insatisfaisantes. Cette attitude, à ses yeux, trahit un mal profond qui gangrène la scène politique guinéenne : l’égocentrisme de certains leaders qui confisquent le débat au détriment de l’intérêt commun et de la démocratie participative.
Bah Oury pointe ainsi du doigt une élite politique dont le comportement exclusif entrave l’élan vers le progrès et la cohésion nationale. Il dénonce une tradition persistante de leadership autocentré, écornant la capacité du pays à avancer d’un pas uni vers l’avenir.
Quant aux revendications des figures majeures de l’opposition, telles que Cellou Dalein Diallo ou Sydia Touré, le Premier ministre estime qu’elles dépassent largement le cadre d’un simple retour à l’ordre constitutionnel. Il souligne que certains d’entre eux font l’objet d’accusations de la part de la Commission de répression de l’enrichissement illicite et du blanchiment (CRIEF) pour leur gestion passée, refusant ainsi de rendre des comptes devant la justice. Pour Bah Oury, ce refus témoigne d’un mépris manifeste pour l’État de droit et l’intérêt national.
En guise de conclusion, il salue les initiatives entreprises par ses prédécesseurs et les autorités de transition pour favoriser le dialogue, tout en rappelant l’ouverture constante du gouvernement à cet égard. Cependant, il met en garde contre la volonté persistante de certains leaders politiques de se soustraire à la justice, une attitude qui compromet gravement l’engagement de l’exécutif en faveur du dialogue et de la stabilité nationale.
Aziz Camara