La désignation du général Mamadi Doumbouya comme candidat à la prochaine élection présidentielle, annoncée par une délégation forestière à Nzérékoré, marque un tournant décisif dans la vie politique guinéenne. Cette candidature, confirmée dans l’enceinte symbolique du conseil des sages, soulève plus de questions qu’elle n’apporte de réponses.
Le porte-parole de la délégation, Vamougnè Camara, n’a pas mâché ses mots : Doumbouya est « notre candidat ». Un message clair, dénué d’ambiguïté. Mais cette unanimité apparente ne saurait masquer les doutes qui entourent cette démarche. L’adoption récente de la nouvelle Constitution, qui ouvre la voie à cette candidature, est-elle véritablement l’expression de la volonté populaire ou le fruit d’une manœuvre politique savamment orchestrée ?
Les partisans de Doumbouya vantent les « actions concrètes » des trois dernières années. Oui, certains progrès sont indéniables. Mais la question essentielle demeure : la Guinée a-t-elle besoin d’une continuité forcée, maintenue par un groupe de dirigeants actuels, ou d’une véritable alternance démocratique ?
La tournée du général Amara Camara, bras droit de Doumbouya, visant à rallier les soutiens, semble s’inscrire dans une stratégie de légitimation à grande échelle. En informant les sages, cette délégation vise à valider cette candidature aux yeux de la population. Cependant, est-ce là un véritable choix populaire ou une pression subtile exercée sur les figures traditionnelles pour consolider un pouvoir déjà bien en place ?
Nzérékoré, cette région au poids symbolique, deviendra-t-elle le point d’ancrage d’un pouvoir en quête de légitimité ? La réponse, bien que déjà prévisible, ne manquera pas d’alimenter les débats. Car derrière l’adhésion apparente se cache peut-être une question bien plus profonde : celle du sens réel de la démocratie dans une Guinée en quête de stabilité durable.
Aziz Camara