Un véritable séisme a frappé le sommet de l’État. Le Général Mamadi Doumbouya, à la tête de la transition, ainsi que plusieurs patrons de médias, se retrouvent au cœur d’un scandale de corruption d’une ampleur inédite. La révélation, signée par deux courageux commissaires de la Haute Autorité de la Communication (HAC), Ibrahima Tawel Camara et Djéné Diaby, résonne comme un coup de tonnerre.
Selon ces commissaires, le chef de la transition aurait personnellement distribué des sommes faramineuses, allant de 100 000 à 300 000 dollars américains, à des patrons de presse, chaque fin de mois. Cette pratique, assimilée à une corruption à grande échelle, a provoqué une onde de choc parmi les Guinéens, en quête d’explications et de justice.
La loi anti-corruption est formelle : détourner quelqu’un de ses devoirs pour obtenir un avantage indu constitue une infraction grave. Pourtant, les dénonciations des commissaires Camara et Diaby, faites lors d’une mission de monitoring à Kankan, ont été accueillies par une suspension pour « faute lourde » de la part de la HAC. Une décision controversée et manifestement en contradiction avec les articles 97 et 99 de la loi anti-corruption, qui protègent les lanceurs d’alerte contre toute forme de représailles.
Ces articles stipulent clairement que les employés, qu’ils soient d’un organisme public ou privé, ont le droit de dénoncer des pratiques frauduleuses sans craindre de représailles. La suspension des deux commissaires apparaît dès lors comme un abus d’autorité flagrant. La HAC aurait dû soutenir ces dénonciations courageuses qui mettent en lumière une gangrène menaçant la société guinéenne.
La grande question reste de savoir si la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) sera à la hauteur de ce défi. Connue pour sa célérité, l’institution judiciaire a déjà poursuivi plus d’un demi-million de personnes depuis janvier 2022. Saura-t-elle gérer ce dossier délicat impliquant le premier magistrat du pays ? L’espoir est permis, surtout en considérant les actions rapides entreprises contre des figures politiques de premier plan par le passé.
Depuis l’éclatement de l’affaire, la présidence de la République demeure silencieuse, tandis que la HAC et les patrons de médias impliqués se défendent vigoureusement, qualifiant les accusations de « diffamatoires » et « infondées ». Cependant, le silence observé au palais Mohamed V nourrit les spéculations sur la culpabilité des personnes en cause.
Parmi les principaux accusés, le Général Mamadi Doumbouya, son conseiller personnel Elhadj Thierno Mamadou Bah, et Moussa Moise Sylla, ancien directeur de la DCI, sont pointés du doigt par les commissaires comme les principaux orchestrateurs de cette corruption. Un adage juridique dit : « qui ne dit mot consent ». En Guinée, l’expérience montre que derrière chaque rumeur se cache souvent une part de vérité.
Les Guinéens attendent désormais des réponses claires et des actions concrètes. Ce scandale pourrait bien être l’occasion pour la CRIEF de prouver sa détermination à lutter contre la corruption, quel que soit le rang des personnes impliquées. Une chose est certaine : ce dossier explosif ne manquera pas de faire couler encore beaucoup d’encre.
Alpha Amadou Diallo