Le 14 août, un rapport accablant du Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a jeté une lumière crue sur une réalité troublante en Guinée : près de 5% des détenus dans ce pays sont des mineurs. Ces enfants, souvent jetés en prison sans jugement préalable, croupissent dans des établissements surpeuplés où les conditions de vie sont inhumaines. Ce rapport, intitulé « Ne nous oubliez pas », est le fruit d’une enquête rigoureuse menée pendant plus d’un an par les services onusiens, qui ont visité les prisons guinéennes entre mars 2023 et juin 2024. Le tableau qui en ressort est sombre et appelle à une indignation collective.
L’injustice de la détention provisoire prolongée
Le rapport met en lumière une pratique aussi scandaleuse que répandue : la détention provisoire quasi systématique et souvent prolongée des mineurs en Guinée. Ces enfants, arrachés à leur famille et à leur éducation, peuvent passer plusieurs années derrière les barreaux avant même d’être jugés, malgré des délais légaux limités à deux mois en correctionnelle et à quatre mois en criminelle. Comment justifier un tel mépris des droits fondamentaux des plus vulnérables ? La réponse est claire : le manque criant de volonté politique pour réformer un système pénal qui bafoue les normes internationales ratifiées par Conakry.
Un système qui broie les jeunes vies
Mais au-delà de la détention provisoire, c’est l’ensemble des conditions de détention qui révulse. Dans des prisons où la surpopulation est la norme, les enfants survivent à peine, privés de nourriture suffisante, de soins médicaux, et de toute forme d’éducation. Ces établissements, loin d’offrir un espace de réhabilitation, deviennent des lieux de désespoir et de déshumanisation. Les jeunes détenus, souvent scolarisés avant leur incarcération, se retrouvent brutalement déscolarisés, sans perspective de réinsertion. Cette situation, dénoncée comme étant « contraire aux normes internationales », constitue une véritable atteinte à la dignité humaine.
L’heure de l’action
Face à ce constat accablant, l’appel du Haut-Commissariat est sans équivoque : le gouvernement guinéen doit impérativement mettre un terme à cette pratique généralisée de la détention provisoire des mineurs. Il en va de sa responsabilité de protéger l’enfance, de respecter les engagements internationaux qu’il a pris, et surtout, de faire preuve de la volonté politique nécessaire pour réformer un système carcéral qui, en l’état, condamne à l’oubli et à l’injustice des milliers d’enfants.
L’indifférence n’est plus une option. Ce scandale doit cesser. Il est temps pour les autorités guinéennes de montrer qu’elles n’ont pas oublié ces jeunes vies qu’elles ont la charge de protéger.
Algassimou L Diallo