Ce mercredi 14 août 2024, un navire pas comme les autres a accosté au port autonome de Conakry. Il ne s’agit pas d’un simple bateau de marchandises, mais d’une centrale thermique flottante, venue tout droit de Turquie. Attendue avec impatience, son arrivée marque un tournant crucial dans la crise énergétique qui étrangle la Guinée depuis des mois.
Cette crise, sans précédent dans l’histoire récente du pays, trouve sa source dans la baisse drastique du niveau des eaux de nos barrages hydroélectriques, accentuée par la catastrophe de Kaloum, où l’explosion du dépôt central d’hydrocarbures en décembre dernier a mis à genoux notre approvisionnement en énergie. Depuis lors, de nombreuses localités sont plongées dans l’obscurité, subissant des délestages interminables qui paralysent la vie quotidienne et étouffent l’économie nationale.
L’arrivée de cette centrale thermique flottante, immédiatement connectée au réseau de l’Électricité de Guinée (EDG), représente une lueur d’espoir pour des millions de Guinéens lassés par les coupures répétées. Pour les autorités, c’est un pas vers une stabilisation provisoire de la fourniture d’électricité, en attendant de solutions pérennes.
Mais cette lueur est-elle vraiment porteuse d’avenir ? La question mérite d’être posée. Car si cette solution d’urgence semble apporter un soulagement immédiat, elle n’en reste pas moins temporaire. La demande en énergie ne cesse de croître, tandis que les défis structurels de notre secteur énergétique demeurent. Le pays peut-il vraiment compter sur une solution importée et temporaire pour répondre à une crise si profonde ?
Les prochains jours seront déterminants pour juger de l’efficacité de cette initiative. Parviendra-t-elle à réduire les délestages et à redonner espoir à une population désabusée ? Ou ne sera-t-elle qu’un pansement sur une plaie qui nécessite une intervention beaucoup plus profonde ? Une chose est sûre : le véritable défi pour la Guinée reste de trouver des solutions durables et adaptées à ses besoins énergétiques. Car si l’urgence appelle des réponses immédiates, l’avenir, lui, se construit avec des choix plus ambitieux.
Alpha Amadou Diallo