C’était une matinée tranquille du samedi 12 octobre 2024, lorsque le pont sur la rivière Frandou, reliant Kankan à Kérouané, céda à nouveau sous le poids d’un camion chargé de …. La scène se déroula sous les yeux incrédules des habitants de la sous-préfecture de Komodou, qui, pour la plupart, se souvenaient encore de l’effondrement de ce même pont en 2018. À l’époque, un pont métallique temporaire avait été érigé en urgence, avec l’espoir qu’il tiendrait jusqu’à la reconstruction définitive. Une limite stricte de 20 tonnes avait été imposée, mais, hélas, cette consigne fut bien souvent ignorée.
Ce jour-là, au milieu des cris et de la confusion, un apprenti conducteur fut englouti par les eaux tumultueuses. Porté disparu, il devint l’image poignante de cette tragédie. Si la plupart des autres passagers s’en sortirent avec des blessures légères, le poids de l’accident semblait bien plus lourd sur les cœurs que sur les corps.
L’Agence de Gestion des Routes (AGEROUTE), qui avait mis en garde à plusieurs reprises contre l’usage imprudent du pont par des poids lourds, se montra ferme : la catastrophe était prévisible. « Nous avions proposé une voie alternative aux conducteurs, le temps que les travaux soient achevés », déplorait un responsable de l’agence. Mais comme souvent, la routine et l’urgence du quotidien l’emportent sur la prudence.
Tandis qu’une équipe d’intervention d’urgence se hâta sur place pour dégager la voie et rétablir la circulation, les habitants se retrouvèrent une fois encore coupés du monde, forcés de prendre la longue route de Tokounou-Moribaya-Kankan, espérant que cette fois-ci, le pont renaîtrait, plus solide et plus durable.
Aziz Camara