La récente annonce du Premier ministre Bah Oury concernant un nouveau glissement du calendrier de la transition en Guinée continue de susciter des vagues au sein de la classe politique. Lors de l’assemblée générale du Parti pour le développement national (PEDN), tenue ce samedi 25 mai 2024, Lansana Kouyaté, président du parti, a vivement exprimé son désaccord face à ce changement imprévu.
Kouyaté n’a pas mâché ses mots en critiquant cette décision. Selon lui, la date du chronogramme avait déjà été modifiée dès le début de la transition. « Est-ce que Bah Oury a fait cette annonce après avoir consulté la CEDEAO ? Le pauvre, il est dans une sale affaire », a-t-il lancé avec une pointe de sarcasme. Le PEDN, rappelons-le, veut voir respecter l’accord initialement défini avec la CEDEAO.
Kouyaté a rappelé le processus initial où, au ministère de l’Administration du Territoire, on leur avait demandé de proposer une date. « Le ministre a envoyé le contenu du chronogramme, nous avons pris ces contenus élément par élément et nous avons dit que c’était possible en 24 mois », a-t-il détaillé. Aucune négociation n’avait eu lieu entre la CEDEAO et le gouvernement guinéen, pourtant, cette période de 24 mois avait été adoptée. « Nous disons 24 mois à partir du mois de juin. Le CNRD a dit qu’il était d’accord avec la CEDEAO mais à partir du mois de janvier suivant. Donc la date avait déjà glissé », a souligné Kouyaté.
Aujourd’hui, à sept mois de la fin de la transition, Kouyaté insiste sur l’urgence d’agir immédiatement. Tout glissement, selon lui, ne devrait pas excéder un ou deux mois.
L’ancien Premier ministre n’a pas caché son incompréhension face à la position de Bah Oury, rappelant que ce dernier faisait partie des discussions initiales. « Nous avons envoyé un mémorandum pour qu’ils nous disent où nous en sommes dans l’application de chacune de ces décisions », a rappelé Kouyaté, soulignant l’absence de réponse écrite au mémorandum adressé au chef de l’État.
Kouyaté critique également la volte-face apparente de Bah Oury, qui semblait soutenir les mêmes positions avant d’être nommé Premier ministre. « Bah Oury, qui était avec nous, disait ceci et cela. Il vient remplacer un Premier ministre, mais qu’est-ce qu’il dit aux autres maintenant ? S’il y a un glissement, est-ce lui qui avait promis la date des 24 mois ? Ce n’est pas la fonction qui détermine ta position », a martelé Kouyaté.
Les propos de Lansana Kouyaté reflètent une frustration croissante parmi les politiciens guinéens face à l’instabilité et aux incertitudes entourant la transition du pays. Alors que le gouvernement tente de jongler entre les attentes de la communauté internationale et les réalités internes, le besoin de dialogue et de transparence se fait de plus en plus pressant pour éviter des tensions supplémentaires.
Il est clair que la Guinée se trouve à un carrefour critique. La classe politique, la CEDEAO et les citoyens guinéens attendent de la clarté et de l’engagement. Sans cela, le chemin vers une transition réussie risque de se compliquer davantage.
Algassimou L Diallo