Amnesty International a publié son rapport annuel sur les droits humains, mettant en lumière une série de violations préoccupantes en Guinée. Le rapport, qui a été rendu public le 24 avril 2024, souligne des infractions sérieuses aux droits humains, notamment des exécutions illégales lors de manifestations, des arrestations arbitraires, des restrictions de la liberté d’expression et de réunion, ainsi que des violences sexuelles et de genre.
Contexte agité et procès du massacre du 28 septembre 2009
Le procès de l’ancien chef d’État Moussa Dadis Camara et de plusieurs hauts responsables de la sécurité, accusés de leur rôle dans le massacre du 28 septembre 2009, a repris le 13 novembre 2023. Ce procès, lié au meurtre de 157 personnes par les forces de sécurité et au viol de plus de 100 femmes, a été interrompu suite à une attaque armée contre la prison de Conakry, permettant l’évasion de quatre des principaux accusés, y compris Camara. Tous, à l’exception d’un seul, ont été retrouvés et renvoyés en détention.
En décembre, une explosion dans le principal dépôt de carburant de Conakry a causé la mort de 24 personnes et en a blessé plus de 450. Cet événement a entraîné des pénuries de carburant, augmentant le coût de la vie, fermant des écoles et provoquant des coupures d’électricité.
Liberté d’expression et de réunion sous pression
La Guinée a subi des critiques pour avoir restreint l’accès à Internet et aux réseaux sociaux. En 2020, la Cour de justice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest a déclaré que la Guinée avait violé les droits à la liberté d’expression et à l’information. Des perturbations des principaux réseaux sociaux ont été signalées sans explication officielle. Le ministre des Postes, Ousmane Gaoual Diallo, a déclaré que l’Internet n’était « pas un droit », expliquant les interruptions par des problèmes techniques liés à un câble sous-marin.
En mai 2022, la Guinée a interdit tous les rassemblements politiques, sauf ceux favorables au chef de l’État. Des femmes ont été condamnées pour avoir manifesté pour le retour de l’ancien président Alpha Condé. Des peines de prison ont également été prononcées pour des manifestants accusés de rassemblements non autorisés, y compris des peines allant jusqu’à 18 mois d’emprisonnement.
Violences et homicides illégaux par les forces de sécurité
Des organisations de la société civile et des partis politiques ont signalé au moins 37 décès liés à des actions des forces de défense et de sécurité depuis le 5 septembre 2021. Des incidents récents impliquent des tirs à Boffa, entraînant des blessures lors de manifestations contre le manque d’électricité, ainsi que le décès d’un homme lors d’une opération antidrogue à Wonkifong.
Le tribunal de première instance de Dixinn a condamné un sous-officier de gendarmerie à 10 ans de prison pour le meurtre d’un jeune homme de 19 ans lors d’une manifestation en 2022 contre la hausse des prix de l’essence.
Arrestations et détentions arbitraires de militants et de journalistes
Les militants du Front national pour la défense de la Constitution ont été arrêtés et détenus arbitrairement pendant plus de 10 mois, avant d’être provisoirement libérés. De même, 13 journalistes arrêtés lors d’une manifestation pacifique ont été inculpés pour participation à un attroupement illégal, avant d’être relâchés le jour même.
Violences sexuelles et genre : une problématique persistante
Des cas de violences sexuelles, dont le viol mortel de M’Mah Sylla, ont conduit à des condamnations allant jusqu’à 20 ans de prison. Les Nations Unies en Guinée ont exhorté les autorités à prendre des mesures contre les violences faites aux femmes et aux filles, après la mort d’une fillette de neuf ans à Dubréka.
Environnement et droits sociaux sous pression
Les projets miniers dans la région de Simandou suscitent des inquiétudes pour leur impact environnemental et social. Les autorités ont également constaté des niveaux inquiétants de pollution marine, causant des problèmes de santé parmi les pêcheurs locaux.
Amnesty International appelle la communauté internationale à mettre la pression sur la Guinée pour qu’elle respecte les droits humains et prenne des mesures pour corriger ces violations flagrantes. Le rapport complet offre une analyse détaillée de ces problèmes et souligne l’urgence d’agir.
Fatimatou Diallo