En mission à Conakry depuis plusieurs jours, une délégation des Nations Unies a rencontré, ce vendredi 8 novembre, les représentants des principales coalitions politiques du pays, dont l’Alliance nationale pour l’alternance et la démocratie (ANAD) et le RPG Arc-en-ciel. À l’issue de ces échanges, Édouard Zoutomou Kpogomou, vice-président de l’ANAD, a fait le point sur les discussions.
« Un climat de paix et de confiance est nécessaire »
Dans un entretien avec la presse, Édouard Zoutomou a mis en lumière les difficultés auxquelles font face les formations politiques guinéennes. « Nous avons souligné l’importance d’un climat de paix et de confiance pour avancer. Sans un cadre de dialogue réel, franc et inclusif, nous n’irons nulle part. Il ne doit pas s’agir d’un dialogue de convenance entre certains acteurs seulement », a-t-il déclaré.
Évoquant les engagements pris par la junte militaire au pouvoir, le vice-président de l’ANAD a rappelé la nécessité de respecter l’accord signé avec la CEDEAO, prévoyant la fin de la transition le 31 décembre 2024. Selon lui, plusieurs défis doivent encore être relevés, en particulier la question électorale et celle d’une nouvelle Constitution. « Actuellement, une charte régit la transition, mais elle ne peut pas remplacer une Constitution qui n’est pas encore finalisée. Il existe des zones d’ombre concernant certains principes fondamentaux qui auraient dû être intégrés dans l’avant-projet », a-t-il souligné, craignant que la junte ne monopolise le processus électoral.
Un mémorandum remis aux Nations Unies
Pour appuyer ces revendications, les coalitions politiques ont remis un mémorandum à la délégation onusienne. « Il ne s’agissait pas seulement de déclarations orales », a précisé Édouard Zoutomou. Le document fait état des nombreuses crises traversées par le pays, qualifiées de « multidimensionnelles », et plaide pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel, comme fixé par le CNRD et la CEDEAO.
Sécurité des leaders politiques et répression de la presse en question
La situation sécuritaire des leaders politiques a également été abordée lors de la rencontre. « Certains dirigeants vivent dans la crainte, d’autres sont en exil. Comment parler de dialogue sans confiance mutuelle ? », s’est interrogé M. Zoutomou, déplorant par ailleurs les atteintes à la liberté de la presse. « Des médias ont vu leurs licences retirées. Cette répression contribue au climat d’insécurité. »
L’opposant a également dénoncé les disparitions de membres du Front national pour la défense de la Constitution (FNDC) et les réponses jugées désinvoltes des autorités. « C’est en Guinée que l’on prétend que les adultes ont le droit de disparaître. Cette logique est inacceptable et encourage un phénomène alarmant », a-t-il conclu.
La rencontre avec les émissaires des Nations Unies, bien que marquée par une écoute attentive, appelle des actions concrètes pour apaiser la crise politique et sociale qui sévit dans le pays.
Aziz Camara