En Guinée, la récente interdiction des manifestations publiques est un sujet de débats enflammés. Depuis que le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a pris le pouvoir, la consigne est claire : pas de manifestations susceptibles de troubler la paix sociale ou de perturber le calendrier de transition. Une ligne dure défendue par le Premier ministre Bah Oury, qui voit dans cette mesure un moyen de préserver la stabilité du pays, au moins jusqu’à la période des campagnes électorales.
Lors d’une conférence de presse tenue le vendredi 10 mai, Bah Oury a clairement exprimé sa position, soulignant la nécessité de prévenir les débordements. « La logique de violence ne date pas de maintenant », a-t-il rappelé, faisant écho aux assises nationales lancées par le président de la République pour identifier les racines des conflits. Selon le Premier ministre, l’objectif est simple : éviter que le pays ne sombre dans le chaos.
Toutefois, cette approche n’est pas sans controverse. L’interdiction des manifestations soulève des questions quant aux libertés fondamentales et à la démocratie. Bah Oury reconnaît ces critiques, mais insiste sur le fait que le changement sociétal prend du temps et exige des efforts collectifs. Il met en garde contre la tentation de recourir à la violence pour exprimer son mécontentement. « En Guinée, la logique veut que, dès que je suis mécontent, je prends en otage les institutions et la population », a-t-il déclaré, mettant en lumière le risque de dérives politiques et de délinquance.
Le Premier ministre a également évoqué la présence d’individus qui financent des jeunes pour provoquer des troubles, incitant à la violence plutôt qu’à des manifestations pacifiques. « Beaucoup d’entre vous ont payé les frais de cela », a-t-il déclaré, mettant en garde contre la manipulation des couches les plus vulnérables de la société. Ces révélations ajoutent une dimension alarmante à la question, montrant que derrière chaque manifestation, il peut y avoir des intérêts cachés.
Malgré la controverse, l’objectif des autorités reste le même : maintenir un climat de paix pour faciliter la transition politique. Bah Oury a exhorté les citoyens à faire preuve de discernement et de prudence, soulignant les dangers de la violence et de l’instrumentalisation des plus fragiles.
Alors que le débat continue de faire rage, il reste à voir si cette interdiction sera suffisante pour maintenir la stabilité sans sacrifier les droits fondamentaux. La Guinée, un pays souvent secoué par des troubles sociaux, marche sur une ligne fine entre sécurité et liberté. Reste à espérer que cette politique, même si elle semble dure, mène à un avenir plus paisible pour le pays.
Algassimou L Diallo