À quelques mois de l’échéance fixée par la CEDEAO pour le transfert du pouvoir, la junte militaire guinéenne, dirigée par le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), intensifie son contrôle sur la classe politique. Alors que plusieurs partis s’organisent pour protester contre une potentielle prolongation de la transition, les récentes décisions du gouvernement laissent présager une période de tensions accrues.
Conformément à l’accord signé avec la CEDEAO, le CNRD s’était engagé à transférer le pouvoir au plus tard le 31 décembre. Pourtant, divers signes montrent que cet objectif pourrait être mis en péril. Ce lundi, le ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation a dévoilé un rapport d’évaluation des partis politiques en activité, marquant un tournant décisif : 53 partis ont été dissous et 54 autres suspendus temporairement pour une durée de trois mois. Parmi les partis concernés figurent des figures majeures de la politique guinéenne, telles que le RPG Arc-en-ciel et l’UFDG, qui sont désormais placés sous surveillance.
Cette série de sanctions soulève de nombreuses questions. Selon certains analystes, ces mesures visent à affaiblir la capacité de mobilisation des partis d’opposition, réduisant ainsi les risques de manifestations massives contre une prolongation de la transition. D’autres voix évoquent une tentative d’assainissement de l’espace politique, visant à éliminer les partis jugés inactifs ou non conformes aux lois en vigueur.
Par ailleurs, cette initiative pourrait être perçue comme une tentative de restaurer la crédibilité du paysage politique guinéen, souvent critiqué pour la prolifération de formations aux influences limitées. Pour le CNRD, cela pourrait être un moyen de montrer à la communauté internationale et aux acteurs locaux son engagement envers l’établissement d’institutions politiques plus solides et responsables.
Cependant, la mise sous observation de partis influents tels que le RPG et l’UFDG, ainsi que la dissolution d’un grand nombre d’autres formations, risque d’exacerber les tensions avec la classe politique. Les jours à venir seront cruciaux pour déterminer si ces actions visent réellement à étouffer l’opposition ou si elles s’inscrivent dans une volonté sincère de restructuration du paysage politique guinéen. L’évolution de la situation mérite une attention particulière.
Saliou Keita