La Guinée se trouve à un tournant critique. Alors que le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD) est sous pression pour honorer son engagement de transférer le pouvoir aux civils d’ici fin 2024, une nouvelle force émerge pour contester le statu quo. Baptisée « Union Sacrée », cette coalition sociopolitique a été fondée récemment, et sa création n’est pas passée inaperçue. Elle soulève des débats houleux et s’érige en bastion de résistance contre un éventuel prolongement de la transition militaire.
Si les dessous de la formation de l’Union Sacrée restent encore largement voilés, des figures politiques commencent à dévoiler les rouages de ce mouvement. Le Dr. Edouard Zoutomou Kpogoumou, chef de l’Alliance Nationale pour l’Alternance et la Démocratie (ANAD), a pris la parole le 9 mai 2024, révélant que les discussions avaient commencé bien avant l’officialisation de la coalition. Selon lui, le consensus entre les leaders politiques a été atteint avec un seul objectif : mettre fin à la transition dans les délais impartis.
Dans une déclaration explicite, Dr. Zoutomou a indiqué que cette coalition permettrait d’exercer une pression considérable sur le CNRD, le forçant à respecter ses engagements. « Ce n’est pas seulement nous qui le disons, la CEDEAO aussi exige le respect du calendrier, » a-t-il rappelé. Cependant, le chemin vers un transfert de pouvoir à un gouvernement civil semble semé d’obstacles, et le doute s’installe quant à la réelle volonté des autorités militaires.
L’un des principaux points de friction réside dans le processus de recensement, notamment le Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH) et le Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (RAVEC). Dr. Zoutomou soutient que ces procédures peuvent servir de prétexte pour retarder la transition. « Il existe des moyens plus rapides d’établir une liste électorale. Nous craignons que ces recensements soient utilisés pour repousser les échéances, » a-t-il expliqué
Ainsi, l’Union Sacrée s’est formée pour éviter un scénario de report et garantir que le pouvoir soit transféré comme promis. Mais la route vers un retour à la démocratie semble sinueuse. Les acteurs politiques et sociaux doivent maintenant unir leurs forces pour s’assurer que le CNRD tienne ses promesses, et qu’aucune excuse ne soit utilisée pour prolonger la transition militaire.
La vigilance de cette nouvelle coalition sera déterminante pour le futur de la Guinée. L’horloge tourne, et tout retard dans le calendrier de transition pourrait avoir des conséquences dramatiques pour le pays. Reste à voir si l’Union Sacrée aura le pouvoir de peser suffisamment pour empêcher un glissement de la transition au-delà de 2024.
Alpha Amadou Diallo