Dans un pays où les paradoxes sont légion, la nouvelle du matin a de quoi surprendre. Un personnage controversé, Karamo Solo de Kankan, un homme d’affaires déguisé en religieux, a osé annoncer, dans sa boîte de nuit, la candidature de Mamadi Doumbouya. L’affaire a de quoi sidérer, à tel point qu’il devient légitime de se demander si ce pays mérite encore d’exister, ou s’il ne vaudrait pas mieux en vendre les restes à l’étranger.
Non content de sa déclaration, le même Karamo Solo a proclamé que ni le gouvernement, ni le CNT, ni même la présidence ne pouvaient l’empêcher. Il a même ajouté qu’aucun candidat ne pourrait battre Doumbouya aux élections. Une telle arrogance ne peut qu’inciter à des réactions fortes, et dans ce cas, un simple HEINEKEN ne suffit plus pour calmer les esprits.
La Guinée est un pays où les maux de tête sont monnaie courante. Comment croire qu’un pays dirigé par Mamadi Doumbouya, qualifié ici de « Judas Iscariote » du peuple guinéen, puisse encore avancer? Doumbouya, sans qualifications reconnues, dirige aux côtés de figures comme Balla Samoura, dont l’éducation est tout aussi limitée.
Pendant ce temps, les acteurs politiques qui s’opposent à cette transition solitaire se rassemblent à Kindia pour débattre d’un projet de constitution qui, en réalité, ouvre la voie à Doumbouya. Quelle incohérence! Et dans ce climat de confusion, les Guinéens cherchent à s’évader, comme l’attestent les demandes musicales faites aux DJ pour apaiser leurs esprits troublés.
Le pays est un véritable théâtre où celui qui a pris le pouvoir par la force le 5 septembre 2021, se permet de se faire appeler Président de la République et, pire encore, envisage de se présenter aux prochaines élections. Et cela, sous les yeux de tous les intellectuels et élites du pays. Quel mépris !
Vincent Koulibaly, figure religieuse de premier plan, affirme que « les manifestations ne résolvent pas nos problèmes », mais son silence face aux dérives du pouvoir en place est assourdissant. On en vient à regretter l’absence du cardinal Robert Sarah, dont la voix aurait pu apporter la vérité.
De même, le grand imam de Conakry, Saliou Camara, demeure étrangement silencieux. Un silence d’autant plus notable qu’il est connu pour être proche de Vincent Koulibaly. La déception est grande.
Dans ce pays, l’injustice est monnaie courante, et ceux qui en sont victimes se retrouvent souvent insultés et humiliés par ceux-là mêmes qui sont censés les protéger. Les épouses de Sylla Foniké Menguè Oumar et de Billo Hadjass en savent quelque chose.
Les bourreaux deviennent des victimes et accusent ceux qu’ils ont opprimés de se victimiser. On atteint là des sommets d’absurdité.
L’opinion publique, quant à elle, semble plus préoccupée par les scandales sexuels que par la disparition de deux grands leaders de la société civile, pionniers de la lutte pour la démocratie.
La liste des 100 personnalités qui font « bouger » la Guinée est un autre reflet de cette absurdité : ce sont en réalité ceux qui précipitent le pays dans le précipice.
Face à une telle situation, on est parfois tenté de changer de nationalité pour échapper à cette ignominie.
Par Sékou Koundouno