Depuis 2017, la ville de Conakry a bénéficié d’un approvisionnement continu en électricité, un progrès qui s’est progressivement étendu aux régions environnantes. Tous les deux ans, une analyse critique de la distribution électrique est réalisée, accompagnée de propositions concrètes pour améliorer le service. Directeur exécutif de l’ONG Afrique Energies Rationnelles (AFENER), un ingénieur ayant travaillé de près avec divers acteurs du secteur énergétique en Guinée, examine les avancées et les défis liés à l’électricité dans le pays.
L’analyse simplifie des concepts techniques pour que les décideurs et le public comprennent les enjeux de la distribution d’électricité. La Guinée possède un énorme potentiel énergétique, avec 23 bassins hydrographiques pouvant générer 6 000 MW et un rayonnement solaire moyen de 4,8 kWh/m2/jour. Cependant, pour maintenir une distribution électrique stable, trois éléments doivent être harmonisés : la production, le transport et la distribution.
Sous le régime d’Alpha Condé, des progrès ont été réalisés malgré divers obstacles, comme les pressions démographiques, les épidémies d’Ebola et de COVID-19, et la corruption. Le gouvernement a augmenté la capacité électrique installée de 235,15 MW à plus de 1 000 MW entre 2010 et 2021. Les investissements incluent des projets hydroélectriques comme le barrage de Kaleta (250 MW) et le barrage de Souapiti (450 MW), ainsi que des centrales thermiques comme celle de Kipé (50 MW) et le bateau turc Karpowership (114 MW).
Malgré ces progrès, des défis persistent, notamment la quasi-gratuité de l’électricité pour certains ménages, la négligence des microcentrales hydroélectriques et les décisions administratives erratiques. Ces défis ont été abordés par des mesures visant à renforcer les systèmes de transport et de distribution, ainsi que par des politiques d’interconnexion avec des pays voisins comme la Côte d’Ivoire.
Avec le coup d’État de 2021, le régime CNRD a hérité de ces projets en cours. Toutefois, des problèmes tels que le manque de transparence, la corruption et des décisions hâtives ont entraîné une dégradation de la distribution électrique. Les actions précipitées, comme l’abandon de la centrale flottante turque, et la gestion opaque des ressources publiques ont aggravé la situation. De plus, des incendies mystérieux et des pannes fréquentes ont exacerbé les défis liés à l’électricité.
Pour résoudre ces problèmes, plusieurs pistes sont suggérées. D’abord, éduquer le public sur une consommation rationnelle de l’énergie. Ensuite, réhabiliter les centrales thermiques existantes et les barrages hydroélectriques. Enfin, renforcer les capacités en ressources humaines et améliorer la transparence et la rentabilité du secteur électrique. Cela inclut l’utilisation de technologies numériques pour réduire la fraude et les raccordements illégaux.
En conclusion, la Guinée doit trouver un équilibre entre ses ambitions énergétiques et une gestion responsable et transparente du secteur de l’électricité. La relance des projets prévus avant le coup d’État, combinée à une réforme structurelle, pourrait permettre au pays de progresser vers une fourniture électrique plus stable et durable.
Aziz Camara