Ce week-end en Guinée, l’échiquier politique est en émoi. La question qui s’impose dans tous les débats est celle de la candidature éventuelle du général Mamadi Doumbouya à l’élection présidentielle de 2025. À la tête du pays depuis trois ans, Doumbouya pourrait-il, si l’envie lui en prenait, braver la charte de la transition qui, pourtant, interdit une telle démarche ? Les murmures se font de plus en plus insistants, notamment de la part de membres de la junte et du gouvernement, qui osent évoquer cette possibilité, provoquant l’indignation des leaders de l’opposition.
Kalémodou Yansané, vice-président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), n’a pas mâché ses mots en déclarant : « Si Doumbouya est candidat, ce n’est pas la peine de faire des élections. » Ce cri du cœur, entendu lors de l’Assemblée hebdomadaire du parti, appelle pourtant à une certaine forme de respect. Yansané a demandé au président de clarifier ses intentions, soulignant l’importance de la transparence pour l’avenir du processus électoral.
L’UFDG, réactive face aux déclarations ambivalentes des membres de la junte, a mis en garde contre toute interprétation qui pourrait déformer la charte signée par Doumbouya en 2021. Au même moment, Morissanda Kouyaté, ministre des Affaires étrangères, affirmait lors d’une réunion de l’OIF à Paris que la nouvelle Constitution « ne sera pas une machine à exclure », sans toutefois nommer Doumbouya. Mais les mots du porte-parole du gouvernement, Ousmane Gaoual Diallo, interrogent davantage : « Pourquoi pas une candidature de Mamadi Doumbouya ? » Une affirmation qui soulève d’importantes interrogations sur la légitimité et la clarté du cadre électoral.
Le général Amara Camara, secrétaire général de la présidence, a ajouté que « le président Doumbouya est un citoyen comme tout autre », insinuant qu’il pourrait s’engager dans le processus électoral sans entrave. Pourtant, cette position contredit ouvertement l’article 46 de la charte de la transition, qui stipule que « le président ne peut pas faire acte de candidature aux élections nationales et locales ».
Dans ce contexte tumultueux, la question n’est plus seulement de savoir si Doumbouya se présentera, mais aussi de quelle manière la Guinée naviguera dans cette mer d’ambiguïtés. L’avenir politique du pays semble suspendu à une déclaration, et l’opposition attend avec impatience que le général prenne position. La transparence, tant réclamée, pourrait bien être la clé pour apaiser un climat politique déjà chargé d’incertitudes.
Alpha Amadou Diallo