Le 5 septembre 2024 marque le troisième anniversaire de la prise de pouvoir par le Comité National pour le Rassemblement et le Développement (CNRD) et son chef, le Général Mamadi Doumbouya. Ce coup d’État, qui avait renversé l’ancien président Alpha Condé, continue de susciter des réactions et des débats au sein de la classe politique guinéenne.
L’Honorable Mohamed Lamine Kamissoko, membre influent du bureau politique du RPG Arc-en-ciel, l’ancien parti au pouvoir, a profité de cet anniversaire pour exprimer des critiques sévères sur la situation actuelle du pays. Selon lui, les raisons invoquées pour justifier le coup d’État de 2021 ne tiennent plus face à la réalité actuelle.
« Pourquoi avons-nous fait ce coup d’État ? On disait que le président Alpha Condé avait saboté la démocratie, mais où en est la démocratie aujourd’hui ? » s’est-il interrogé, avant de poursuivre : « On a reproché à Alpha Condé de bâillonner la presse et la communication. Regardez maintenant dans quel état se trouve la presse guinéenne. La plupart des médias sont en difficulté. »
- Kamissoko a également pointé du doigt les violations des droits humains, notamment les arrestations arbitraires et les disparitions forcées sous le régime actuel. « Aujourd’hui, où en sommes-nous ? Des enlèvements par des hommes cagoulés, des assassinats pour museler la population. Tout cela pour que ceux au pouvoir s’y maintiennent », a-t-il dénoncé, accusant les autorités de dilapider les ressources de l’État et de perpétuer la corruption.
L’Honorable Kamissoko s’est également exprimé sur la question d’une éventuelle candidature du Général Doumbouya aux futures élections. Il a rappelé que la charte de la transition interdit la participation de tout membre du CNRD ou du gouvernement actuel aux scrutins à venir. « Alors pourquoi entend-on aujourd’hui des voix s’élever pour que Mamadi Doumbouya se présente ? C’est une contradiction totale », a-t-il déclaré, qualifiant cette situation de « dangereuse » pour la stabilité du pays.
Trois ans après le coup d’État, le bilan de la transition reste donc contesté, et la question du retour à une véritable démocratie en Guinée demeure plus que jamais cruciale.
Saliou Keita