La fermeture brutale de trois radios privées à Kankan, ce 4 octobre 2024, marque une nouvelle étape dans la gestion autoritaire des médias en Guinée. Bouré FM, Baraka FM et Badrou Islam FM ont été réduites au silence par l’Agence de Régulation des Postes et Télécommunications (ARPT), appuyée par des forces de l’ordre. Officiellement, la faute serait administrative : absence de documents conformes. Officieusement, c’est la liberté d’expression qui vacille.
Les autorités de la transition, qui se targuent pourtant d’une gouvernance plus inclusive, semblent se plaire à restreindre l’espace médiatique. Bouré FM, qui diffuse depuis plusieurs années à Kankan, est accusée de fonctionner sans agrément. Pourtant, son promoteur attendait des documents pour un relais, chose apparemment ignorée par les autorités. Baraka FM, appartenant à un cadre influent du secteur radiophonique guinéen, et Badrou Islam FM, une radio confessionnelle, sont toutes deux accusées du même crime : diffuser sans les précieux sésames administratifs.
Ce coup de force soulève de sérieuses questions. S’agit-il réellement d’une simple question de conformité ou d’une volonté d’étouffer des voix indépendantes dans un contexte où la liberté de la presse semble de plus en plus menacée ? Depuis l’instauration de la transition, les professionnels des médias ne cessent de dénoncer les pressions croissantes. Les fermetures récurrentes, les intimidations et les silences forcés sont devenus monnaie courante, nourrissant un climat d’autocensure.
Mamady Kansan Doumbouya, directeur régional de l’Information et de la Communication, a refusé de commenter, alimentant davantage les spéculations. La transparence, tant prônée par la transition, semble être ici la grande absente. Dans cette région, comme ailleurs en Guinée, les médias jouent un rôle crucial d’information et de proximité. Les réduire au silence, c’est priver des milliers de citoyens d’une fenêtre essentielle sur le monde.
Le spectre de la censure plane dangereusement sur la Guinée. En agissant ainsi, les autorités s’attaquent à l’un des piliers fondamentaux de la démocratie : la liberté de la presse. Combien de voix devront encore être étouffées avant que la sonnette d’alarme ne soit tirée ? Il est urgent que cette transition se recentre sur ses promesses et permette aux journalistes et aux médias d’exercer leur métier sans crainte d’être muselés. Les Guinéens méritent mieux qu’une société où le silence règne en maître.
Algassimou L Diallo